Après trois ans sous le règne des frères Rémillard, le réseau de télé V fait des profits. Une première depuis sept ans pour l'ancienne TQS.

Grâce à une hausse des revenus de 14% et des cotes d'écoute de 25%, V a généré des profits à hauteur de 7,5% de son chiffre d'affaires pour l'année fiscale se terminant le 30 août dernier. «Nous sommes restés fidèles à notre plan d'affaires, qui prévoyait une rentabilité à la troisième année. Offrir une contre-programmation est la seule façon de pouvoir évoluer de façon rentable dans l'environnement actuel », dit Maxime Rémillard, coprésident et chef de la direction de V, en entrevue à La Presse Affaires.

Depuis la création de TQS en 1986, le troisième réseau généraliste francophone au pays n'a fait des profits qu'à deux reprises, en 2003 et en 2004. En 2007, dernière année où TQS a été opérée par Cogeco, le réseau de télé a perdu 18 millions sur un chiffre d'affaires d'environ 100 millions. TQS a été achetée en faillite par les frères Maxime et Julien Rémillard, qui ont payé sept millions pour éponger les dettes des créanciers. «Après l'achat, on s'est donné de trois à cinq ans pour relancer l'entreprise. S'il n'y avait pas eu les effets de la crise économique, on aurait probablement été rentable un an plus tôt», dit Maxime Rémillard, qui ne dévoile pas les résultats financiers complets de V, une entreprise privée qui n'est pas inscrite en Bourse au contraire du Groupe TVA.

Un plan d'affaires ciblé

La prochaine année financière risque d'être encore meilleure. Pour les six premières semaines de l'automne, les cotes d'écoute du «5 à 7» de V ont augmenté de 52% pour atteindre 18% des parts de marché à la télé francophone, au point de devancer Radio-Canada (11% des parts de marché) et les chaînes d'Astral (15%) au deuxième rang derrière TVA (29%). Maxime Rémillard veut prolonger le succès de son «5 à 7» avec des émissions comme Les Détestables, Price is Right: À vous de jouer et L'arbitre dans sa case horaire de 19h, et aussi améliorer la rentabilité de sa grille en fin de soirée grâce à Opération Séduction à 22h.

Sur l'ensemble de la semaine, V reste quatrième à la télé francophone avec des parts de marché de 9%, comparativement à 26% pour TVA, 20% pour les chaînes spécialisées d'Astral et 13% pour Radio-Canada. Signe encourageant pour V: dans son public cible des 18-49 ans, le réseau des frères Rémillard s'approche des cotes d'écoute de Radio-Canada (9,8% des parts de marché contre 10,7% pour la société d'État).

L'an prochain, V veut s'attaquer à sa programmation en heure de grande écoute entre 20h et 22h, actuellement consacrée à des téléséries américaines traduites. «Ça dépend du Fonds des médias du Canada (FMC)», dit Maxime Rémillard, dont le chèque du FMC passera de 3,9 millions à 2,0 millions cette année. Le FMC attribue ses fonds en fonction des cotes d'écoute des émissions subventionnées et de la performance historique du réseau. «Il faut que les règles soient plus équitables et reflètent les joueurs indépendants comme nous», dit l'homme d'affaires de 36 ans.

Motus et bouche cousue toutefois sur l'avenir de la dernière émission de la soirée à V: le controversé jeu télévisuel Call-TV. «C'est du temps d'antenne acheté par un client externe en dehors des heures de grande écoute», dit Maxime Rémillard, ajoutant que son entente avec le producteur européen respecte les lois canadiennes. Est-ce la dernière année de l'émission sur les ondes de V? Mystère. Maxime Rémillard ne veut pas s'immiscer dans le dernier épisode de la saga Call-TV, alors qu'une ex-animatrice s'est fait imposer récemment une pénalité de 5000$ sur son salaire par le producteur européen de Call-TV, TM-Products, parce qu'elle a dénoncé les pratiques douteuses de Call-TV dans les médias. «C'est entre eux», dit Maxime Rémillard.