L'économiste américain Nouriel Roubini estime à plus de 50% le risque d'une nouvelle récession pour les économies avancées en 2012, sur fond de crise de la dette en zone euro.

«À mon avis, il y a une probabilité significative, de plus de 50%, d'avoir une autre récession dans les économies les plus avancées au cours des douze prochains mois», a-t-il déclaré mardi lors d'un forum économique organisé en marge du sommet du Commonwealth en Australie, à Perth.

«Que vous l'appeliez récession à double creux, poursuite de la première récession ou deuxième récession importe peu, c'est une affaire de sémantique», a ajouté Nouriel Roubini, devenu célèbre pour avoir prédit la crise financière de 2008.

Sans réforme profonde par les dirigeants européens, la zone euro pourrait s'effondrer et mener à une crise qui sera pire que celle de 2008, a-t-il prévenu. Selon lui, la sévérité du ralentissement dépendra de la capacité de l'Europe à éviter une rupture de la zone euro.

Les marchés attendent des mesures capables de relancer la croissance économique dans les pays les plus affaiblis de la zone euro, plutôt que «des outils financiers» laissant les pays les plus riches se charger du fardeau de la dette des plus pauvres, a-t-il ajouté.

«Dans une situation qui deviendrait de plus en plus désordonnée, et qui verrait plusieurs pays faisant défaut, quittant la zone euro, débouchant sur un effondrement de cette zone (...) cela serait aussi grave, voire plus grave, que la chute de Lehman en 2008», a déclaré l'économiste.

Et avec une récession aussi sévère dans les économies avancées, «les dommages collatéraux dans les pays émergents pourraient être significatifs», a-t-il ajouté.

Roubini recommande de dévaluer l'euro pour stimuler les exportations et de baisser les taux d'intérêt. «S'ils (les dirigeants européens) voulaient vraiment restaurer la croissance à court terme, ils réduiraient leurs taux d'intérêt à 0%», a-t-il affirmé.

Enfin, l'affaiblissement de la demande européenne et américaine pourrait laisser la Chine vulnérable, au regard notamment du niveau élevé des «mauvaises dettes» du secteur financier chinois, par exemple dans l'immobilier.

«Il pourrait y avoir un atterrissage brutal en Chine au cours des deux à trois prochaines années», a-t-il dit. «Il n'y a pas un seul exemple de sortie douce d'un boom causé par le surinvestissement».