Trois décollages réussis, un échec et un cas incertain: c'est le bilan de l'accélérateur d'entreprises Year One Labs, qui annonce la fermeture de son programme.

Year One Labs est l'un de ces accélérateurs d'entreprises qui prennent de jeunes entreprises en démarrage et tentent de les lancer vers le succès en leur fournissant autant le café et les locaux que l'argent et les conseils.

Après un an d'existence, l'accélérateur a annoncé qu'il continuerait à soutenir sa première cohorte d'entrepreneurs, mais qu'il ne retenterait pas l'expérience pour l'instant.

«On est très, très heureux des résultats. Je crois qu'on vient de montrer qu'il est possible de créer de bonnes entreprises à partir de pas grand-chose, avec peu d'argent, en suivant une méthodologie bien précise», dit Alistair Croll, l'un des quatre cofondateurs de Year One Labs.

L'accélérateur a pris sous son aile cinq équipes de jeunes bidouilleurs web pendant un an. En plus d'un accès illimité à l'internet et à la caféine, Year One Labs leur a donné jusqu'à 50 000$ chacune pour développer leurs idées.

Après un an, Alistair Croll se montre satisfait de sa moyenne au bâton. Des cinq équipes, trois ont reçu du financement extérieur pour poursuivre leur route.

LocalMind, qui fabrique des applications pour téléphones mobiles permettant de connaître en temps réel l'ambiance d'un bar ou la longueur de la file d'attente d'un restaurant, par exemple, a décroché 600 000$ d'investisseurs américains et canadiens.

Massive Damage inc., de son côté, planchait sur un jeu de zombies pour téléphones mobiles. Des investisseurs y ont misé 325 000$, convaincus de tenir un futur succès sur l'AppStore d'Apple.

High Score House, une boîte qui a conçu une application informatique destinée aux parents qui veulent motiver leurs enfants à faire des tâches ménagères, a aussi décroché du financement extérieur dont le montant n'a pas été dévoilé.

Les choses se sont moins bien passées pour Happy Stuff, qui a testé quelques idées, sans grand succès. Year One Labs se félicite d'avoir anticipé l'échec tôt et de n'avoir investi que 10 000$ dans l'entreprise. Les 40 000$ restants ont pu être redistribués aux autres équipes.

Le cas de Qidiq est plus incertain. L'entreprise a pondu une application qui permet avec succès d'envoyer des questions à des groupes et d'en récolter les réponses rapidement. Il reste toutefois à identifier le meilleur marché pour ce genre d'outil.

Quant à la question cruciale, celle de la rentabilité de l'accélérateur, il est encore trop tôt pour y répondre.

Year One Labs disposait d'une somme de 350 000$ fournie par une poignée d'anges financiers. Ensemble, les anges et les quatre partenaires de l'accélérateur ont pris des participations de 20% dans les entreprises qu'ils ont financées.

En prenant une participation dans les trois entreprises qui ont obtenu du financement, les investisseurs extérieurs ont fixé une valeur à celles-ci, faisant grimper en principe la valeur des investissements faits par Year One Labs et ses investisseurs.

Pour l'instant, l'accélérateur a donc créé de la valeur. Mais celle-ci est théorique. Tant que les boîtes ne seront pas vendues ou ne s'inscriront pas en Bourse (permettant aux investisseurs initiaux de faire ce qu'on appelle une «sortie»), le risque de tout perdre est encore présent.

«C'est certainement un grand succès d'avoir lancé des entreprises qui ont reçu du financement. Mais tant que nos investisseurs ne toucheront pas un profit sur leur investissement, le gain de valeur est seulement sur papier», admet Alistair Croll.

Les quatre associés de Year One Labs attendent de voir la rentabilité réelle de leur travail avant de se relancer un jour, peut-être, dans une telle aventure.