Les entreprises canadiennes semblent avoir compris. Devant un marché américain qui se referme, elles se lancent à la conquête de nouveaux débouchés.

En août, les exportations canadiennes vers les États-Unis ne représentaient plus que 70% des livraisons à l'étranger. Il s'agit du plus faible pourcentage depuis la ratification de l'Accord de libre-échange avec les États-Unis en 1988.

Le surplus commercial avec notre voisin du Sud s'élevait à 2,54 milliards seulement, selon les données de Statistique Canada qui montrent aussi que les expéditions vers les États-Unis ont diminué de 2,3% au cours du mois. En juillet, le rétablissement des chaînes d'approvisionnement des assembleurs d'autos ontariens avait fait bondir les livraisons vers les États-Unis et permis d'y réaliser un surplus de 3,65 milliards.

La poussée aura été de courte durée puisque les volumes d'autos livrés chez nos voisins ont chuté de 10,1%. Les livraisons de pétrole ont aussi chuté de 2,7% et pourraient s'expliquer par les stocks considérables accumulés en Oklahoma.

Heureusement, les livraisons vers l'Union européenne ont atteint 3,98 milliards, un sommet qui a permis de dégager un excédent de 308 millions avec le groupe des 27, le premier depuis décembre.

Cet excédent aura limité à 622 millions le déficit de nos échanges commerciaux avec le reste du monde au cours du mois. C'est avant tout avec les pays hors de l'Union européenne qui ne sont pas non plus membres de l'OCDE, comme la Chine, que le Canada encaisse un déficit récurrent, mais même ce déficit diminue depuis un an.

En fait, les exportations ailleurs qu'aux États-Unis ont enregistré un quatrième gain d'affilée et atteint un nouveau sommet de 11,2 milliards, précise l'agence fédérale.

Les négos se poursuivent

Les livraisons accrues vers l'Europe ont de quoi stimuler la négociation de l'Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l'Union européenne dont la neuvième ronde se déroule ces jours-ci dans la capitale fédérale. L'objectif est toujours de ratifier l'Accord l'an prochain.

Une étude de l'Institut C.D. Howe, publiée hier, exhorte les négociateurs canadiens à mettre haut la barre. La nature des rapports entre le Canada et l'Union européenne «est plus concentrée dans les services, les investissements et les biens manufacturés sophistiqués que celle du Canada avec d'autres partenaires commerciaux», explique son auteur Daniel Schwanen, également vice-président associé du C.D. Howe. Il souhaite que l'AECG encadre aussi la propriété intellectuelle, la reconnaissance mutuelle des professions, l'accès aux marchés publics et pas seulement les tarifs sur les biens industriels et l'agriculture.

Selon Ottawa, pareil accord pourrait augmenter la taille de l'économie canadienne de 12 milliards dès 2014, ce qui équivaut à près d'un point de pourcentage de croissance.

En août, les segments des produits forestiers, des biens industriels et des machines et équipements ont augmenté leurs livraisons.

Cela reflète sans doute la dépréciation de 2,5% du huard par rapport au billet vert au cours du mois. L'affaiblissement du huard en septembre aura peut-être apporté un peu de soutien aux expéditions canadiennes.

Du côté des importations, tous les segments étaient à la hausse, sauf les produits énergétiques dont la valeur des achats a plongé de plus de 13%.

Exprimées en volumes, les importations ont diminué un peu plus que les exportations ce qui a pour résultat de diminuer le déficit commercial pour un deuxième mois d'affilée en termes réels.

Après deux mois au deuxième trimestre, le commerce extérieur est en voie de contribuer positivement à la croissance, «un résultat qui détonne par rapport à l'importante contribution négative répertoriée au deuxième trimestre», commente Benoit P. Durocher, économiste chez Desjardins.

Il en va de même aux États-Unis où le déficit commercial est demeuré inchangé à hauteur de 45,6 milliards.