Avant de s'intéresser à l'économie, Claude Picher a copié des horoscopes, travaillé au livret dominical Prions en Église et fait des critiques de musique classique. Il est ensuite devenu une référence en matière de journalisme économique au Québec, un chroniqueur lu avec intérêt et assiduité par les décideurs du milieu politique et économique. «Il m'est souvent arrivé d'annoter ses chroniques et de les faire circuler au conseil des ministres et à mes députés», dit le premier ministre du Québec Jean Charest.

Élevé dans un milieu modeste du quartier Hochelaga à Montréal, Claude Picher a commencé sa carrière journalistique en 1967 à l'hebdo L'Avenir à Sept-Îles, où il s'occupait autant de nouvelles régionales que de l'horoscope. L'année suivante, il déménage à Ottawa pour travailler au sein de la maison d'édition de l'Université St-Paul, qui publie le livret dominical Prions en Église.

Après un passage au quotidien Le Droit d'Ottawa où il est notamment critique de musique classique (l'une de ses grandes passions), Claude Picher fait ses premières armes en économie comme rédacteur en chef du défunt magazine d'affaires Bâtiment en 1975. «Ce fut le coup de foudre, dit-il. Je me suis rendu compte à quel point les Québécois étaient mal renseignés en économie et en finances personnelles. J'ai décidé d'en faire ma passion.»

Directeur des pages financières du défunt Montréal-Matin jusqu'à sa fermeture en 1979, il passe ensuite à La Presse où il travaillera pendant 32 ans, dont les 24 dernières années à titre de chroniqueur. Spécialiste des finances publiques, il a porté une attention particulière à la lutte au déficit au début des années 90. «Nous nous dirigions alors dans un cul-de-sac, dit Claude Picher. Si j'ai pu jouer un petit rôle pour sensibiliser l'opinion publique, tant mieux.»

«Claude Picher me poussait sur la question du déficit, se rappelle Paul Martin, ministre fédéral des Finances à l'époque. Il ne mâchait pas ses mots mais ça faisait un peu mon affaire...»

L'ancien premier ministre québécois Bernard Landry, ministre des Finances de 1996 à 2001, tient aussi Claude Picher en haute estime. «Il analysait bien les problèmes et il le faisait sans préjugés, dit M. Landry. Il était compétent et honnête. Je ne l'ai jamais vu pencher de façon grossière à droite ou à gauche.»

Parallèlement à sa carrière à l'écrit, Claude Picher a aussi fait figure de pionnier à la radio et à la télé. De 1981 à 1991, on pouvait l'entendre tous les matins à CKAC. «C'était la première chronique économique régulière à la radio», se rappelle Claude Picher. Au petit écran, il a fait ses débuts à Questions d'argent à Télé-Québec de 1984 à 1992 avant de participer à l'émission Salut, Bonjour! À TVA de 1991 à 1999.

À 69 ans, Claude Picher signera sa dernière chronique samedi dans La Presse. «Ce fut la décision la plus difficile de ma vie», dit celui qui a comme seul projet immédiat de s'accorder six mois de congé.