Le fonds gouvernemental FIER-CPVC se trouve à nouveau dans une situation délicate.

Non seulement le fonds a-t-il été éclaboussé pour ses investissements dans PR Maintenance et BCIA, mais son comptable a aussi été sanctionné en 2010 par l'Ordre des comptables agréés pour conflit d'intérêts, a appris La Presse.

Le comptable en question est André Corbeil. Il était comptable du Fonds d'intervention économique régional de Montréal (FIER) jusqu'en août, avant qu'Investissement Québec prenne le contrôle de l'organisme dans le cadre du litige avec la firme d'entretien ménager PR Maintenance.

André Corbeil est aussi le comptable du fonds privé CPVC Financial, qui s'est associé au FIER pour investir des millions de dollars dans PR et BCIA. Il est également teneur de livres personnel d'Alain Lambert, le président de CPVC et jusqu'à récemment le président du FIER.

En juillet 2010, le syndic de l'Ordre des comptables agréés du Québec a imposé une sanction disciplinaire à André Corbeil parce qu'il s'est placé en situation de conflits d'intérêts dans un dossier lié au fonds privé CPVC. Il a plaidé coupable aux deux chefs d'accusation et payé une amende de 6000$.

Le FIER et CPVC sont sur la sellette parce qu'ils risquent de perdre des millions de dollars avec leur placement dans PR Maintenance. Cette firme de 3000 employés est en difficultés financières parce que son président, Pierre Robitaille, a puisé 1,9 million dans les coffres de l'entreprise pour rénover son chalet, selon un jugement.

Selon des allégations non prouvées en cour, l'ex-président du FIER, Alain Lambert, avait conclu une entente secrète avec Pierre Robitaille pour toucher une commission de 700 000$ s'il parvenait à faire accepter l'effacement de 4 millions de dollars de dettes de PR.

La sanction imposée au comptable André Corbeil est liée au fonds privé CPVC, mais pas à PR ni au FIER. En 2007, l'homme a agi comme vérificateur indépendant d'une PME en Bourse, alors que cette dernière était principalement détenue par CPVC, dont il était le chef des finances. Il a répété la même faute en 2008 avec une autre société affiliée à CPVC.

Selon le syndic de l'Ordre, ce double poste pour des entreprises inter-reliées a empêché M. Corbeil «d'être libre de toute influence, de tout intérêt ou de toute relation (...) ce qui peut porter atteinte à son jugement professionnel ou à son objectivité ou en donner l'apparence», en contravention avec le Code de déontologie des comptables.

Hier, Investissement Québec nous a indiqué qu'il n'était pas au courant de la sanction. Selon la porte-parole, Chantal Corbeil (aucun lien de parenté avec André Corbeil), M. Corbeil agissait à contrat comme teneur de livres du FIER. Il n'est plus dans le dossier depuis la mainmise d'Investissement Québec sur le FIER. Son travail a été revu par la firme comptable RSM Richter, qui n'a rien trouvé de répréhensible.

Précisons que c'est l'adresse du bureau d'André Corbeil, sur Beaubien, qui a été inscrite pour la contribution de 1000$ d'Alain Lambert au Parti libéral du Québec en 2008. Cette pratique est interdite par le Directeur général des élections, qui n'impose toutefois pas de sanctions dans un tel cas.

Joint au téléphone, André Corbeil n'a pas voulu commenter sa sanction disciplinaire et affirmé qu'il ne savait pas qu'on avait inscrit son adresse d'affaires pour la contribution de M. Lambert.

Une entente pour PR

Fait important, PR Maintenance a conclu une entente de principe avec ses créanciers garantis mardi soir. L'entente est confidentielle et la clôture de la transaction devrait avoir lieu vers la fin de semaine prochaine.

La précédente entente avait échoué en raison d'un litige. Un groupe externe y proposait de racheter la dette de l'entreprise, ce qui permettait aux créanciers garantis de se voir rembourser 37% de leur fonds, en moyenne. Toujours selon cette entente, il était prévu que les créanciers ordinaires se voyaient rembourser 100% de leurs créances, qui s'élèvent à 5,2 millions. Ces créanciers ordinaires représentent essentiellement les travailleurs autonomes de l'entreprise.