Le président de PR Maintenance, Pierre Robitaille, a puisé 1 million de dollars dans les coffres de son entreprise pour faire construire une annexe pour les gardiens de son chalet.

C'est ce que l'homme d'affaires a affirmé en cour, la semaine dernière, dans un témoignage fait dans le contexte d'un litige sur l'insolvabilité de PR Maintenance, une entreprise de 3000 employés. Cette firme d'entretien ménager, rappelons-le, connaît de sérieuses difficultés financières et tente de s'entendre avec ses principaux créanciers pour effacer une partie de sa dette et éviter la faillite.

Parmi les créanciers, on compte la Banque de développement du Canada (BDC) et un fonds d'intervention économique régionale (FIER). PR doit 2,8 millions à la BDC et 2,5 millions au FIER, organisme financé à 66% par le gouvernement du Québec.

La résidence secondaire de Pierre Robitaille est située dans la municipalité de Lac-Saint-Joseph, au bord du lac du même nom. La propriété a été payée près de 3 millions de dollars en avril 2010. Elle serait la maison la plus chère de l'est du Québec, selon M. Robitaille.

Dans son témoignage, Pierre Robitaille a expliqué que, comme la municipalité l'a obligé à démolir le bâtiment où logeaient les gardiens de sa résidence, il a dû faire faire une rallonge à son chalet. C'est cet agrandissement qui l'a amené à puiser 1 million de dollars dans les coffres de son entreprise en février 2011. Les créanciers estiment que ce prélèvement a été fait sans leur autorisation.

Pierre Robitaille avait déjà puisé de 700 000 à 900 000$ pour son chalet l'année précédente. La propriété vaudrait aujourd'hui environ 6 millions de dollars, selon l'homme d'affaires, qui dit l'avoir fait évaluer par un évaluateur agréé.

Dans la dernière année, M. Robitaille a placé dans deux fiducies sa résidence principale, d'une valeur de 2 millions de dollars, et des antiquités qui valent de 1 à 1,5 million. Les actions de son entreprise ont également été placées dans une troisième fiducie, pour des raisons fiscales.

Au début de 2010, il a obtenu de la BDC un financement d'environ 3 millions de dollars pour régler son divorce. L'argent a été versé directement à son ex-femme pour le rachat des actions de PR Maintenance qu'elle détenait, explique-t-il. La BDC était bien au courant des raisons du financement, dit-il.

Lundi dernier, un jugement concernant PR Maintenance a eu pour effet de faire avorter l'entente qui aurait effacé des dettes de 4,1 millions de dollars des livres de l'entreprise. Les opposants à cette entente étaient Chahram Bolouri et Robert Brown, deux gestionnaires bien connus dans le monde des affaires (Nortel et CAE), qui avaient investi à des fins personnelles. Essentiellement, ils auraient récupéré seulement 28% de leurs créances avec l'entente, alors que le FIER et la BDC auraient eu 40%.

Jusqu'en août, le gestionnaire du FIER était Alain Lambert. Investissement Québec, l'organisme gouvernemental qui finance le FIER à 66%, l'a congédié lorsqu'il a appris, notamment, que Pierre Robitaille avait utilisé les fonds de l'entreprise pour son chalet.

Hier, Investissement Québec a envoyé une mise en demeure à Alain Lambert portant sur les dommages causés au FIER dans le dossier de PR Maintenance. L'organisme gouvernemental a l'intention de le poursuivre, a indiqué Chantal Corbeil, porte-parole d'Investissement Québec.

Joint au téléphone, M. Lambert n'a pas voulu faire de commentaires sur cette mise en demeure. Il a dit que les discussions concernant le refinancement de PR Maintenance se poursuivent.

PR Maintenance est toujours en activité, selon Investissement Québec. L'entreprise a comme client la SAQ et l'Université de Sherbrooke, mais également les supermarchés Loblaw. Ses 3000 employés sont pour la plupart des travailleurs autonomes.