Les organismes de surveillance des institutions financières et les banquiers centraux serrent les coudes pour l'adoption rapide des Accords de Bâle III qui obligent les banques à augmenter leur capitalisation et les États à encadrer plus étroitement le système bancaire parallèle dont les agissements ont aggravé la crise financière.

«Les banques canadiennes devront répondre aux normes de fonds propres de Bâle III au début de la période de transition, qui débutera en janvier 2013, a rappelé hier à Toronto Julie Dickson, surintendante des institutions financières au Canada. Notre avantage actuel ne doit pas être tenu pour acquis.»

Selon le Forum économique mondial, les banques canadiennes seraient les plus solides du monde. Elles n'auront aucune difficulté à satisfaire les normes de capitalisation de Bâle III, entérinées par les sommets du G20 de Séoul et de Toronto.

Celles-ci prévoient que les fonds propres de première catégorie, formés des actions ordinaires et des bénéfices non répartis, devront passer de 2% (selon les normes de Bâle II de 1988) à 7% de la valeur des actifs et des placements, entre 2013 et 2019. Pour les institutions financières d'importance systémique (IFIS ou trop importantes pour faire faillite), le ratio pourra même grimper de deux points de pourcentage.

Cette exigence déplaît à plusieurs banques européennes, qui ont obtenu un report jusqu'en 2019 pour s'y conformer, et à quelques banques américaines pour qui la marche est d'autant plus haute qu'elles n'ont pas entièrement souscrit aux normes de Bâle II.

Vendredi à Washington, le président de JP Morgan Chase, Jamie Dimon, a répété au gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, que les normes de Bâle III, dont il a coordonné l'élaboration, étaient antiaméricaines. Il faut en déduire qu'il exercera des pressions pour qu'elles soient adoptées seulement partiellement par les États-Unis.

Cela n'a pas empêché M. Carney de réitérer l'importance de les approuver devant les membres de l'Institute of International Finance, dimanche matin. «S'il existe des raisons légitimes pour justifier une adoption accélérée des normes ou un dépassement des minima internationaux, les pays auront en revanche une marge de manoeuvre nettement plus réduite pour procurer à leurs banques un avantage compétitif en évitant d'appliquer intégralement les règles acceptées mondialement.»

M. Carney s'est aussi fait l'avocat d'un encadrement plus serré du système bancaire parallèle (shadow banking), devenu prépondérant dans plusieurs pays. Ce système est en partie formé de filiales des banques commerciales.

«Si certaines institutions ressentent actuellement des pressions, c'est que, pendant trop longtemps, elles n'en ont pas fait assez et non pas parce qu'on leur demande d'en faire trop, trop vite», a-t-il souligné.

Vendredi, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a fait une sortie similaire devant le Comité de Bretton Woods où il a parlé des risques de contagion de la crise financière dans l'économie réelle.

«Le premier défi vient du secteur bancaire parallèle. L'introduction d'exigences de capitalisation plus draconiennes peut inciter les banques à transférer une partie de leurs activités à l'extérieur de la sphère réglementée, a-t-il plaidé. Il devient donc décisif que nous améliorions notre capacité de déterminer et de jauger les risques potentiels émanant du système bancaire parallèle. Cela inclut la réforme des fonds du marché monétaire, de la titrisation et de l'interaction avec le secteur bancaire.»