Le vote des actionnaires minoritaires de Quebecor soulève un problème de légitimité, selon deux experts de la gouvernance d'entreprise.

Yvan Allaire et Michel Nadeau, respectivement président du conseil et directeur de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques, reviennent, dans une lettre à l'éditeur, sur le sens à donner au fait que 56,5 % des actionnaires de catégorie B de Quebecor se sont abstenus de voter pour les deux seuls candidats en lice appelés à les représenter, soit Jean-Marc Eustache et Sylvie Lalande.

Chez Quebecor, comme c'est le cas pour nombre de sociétés qui proposent une liste de candidats, les actionnaires ne peuvent pas voter contre les candidats. Ils peuvent voter pour ou s'abstenir.

Dans leur lettre, MM. Allaire et Nadeau invitent Quebecor à réagir eu égard au résultat du vote. «Les actionnaires de classe B ont indiqué majoritairement qu'ils souhaitent que Quebecor adopte le vote individuel, lequel pourrait bientôt devenir la norme au TSX. Le conseil de Quebecor devrait en prendre acte», écrivent-ils en conclusion.

La société américaine de conseil en gestion des procurations ISS avait recommandé aux actionnaires B de s'abstenir de voter pour les deux candidats en raison de la structure de capital composée de deux catégories d'actions A (droit de vote multiple) et B (droit de vote unique) et parce que le vote individuel n'est pas autorisé. Chez Quebecor, les actionnaires votent pour une liste de candidats et non pas pour chacun des administrateurs individuellement.

«Nous estimons que cette recommandation d'ISS est mal avisée et que les raisons sur lesquelles s'appuie cette recommandation sont insuffisantes», écrivent MM. Allaire et Nadeau.

L'Institut de la gouvernance a pris position en faveur des actions à droit de vote multiple pourvu que les intérêts des actionnaires minoritaires soient protégés.

Quant au vote individuel, la Bourse de Toronto TSX a proposé le 6 septembre d'exiger le vote individuel et qu'elle soit informée si un candidat reçoit une majorité d'abstentions. «Ces mesures devraient devenir la norme des sociétés inscrites à la cote du TSX», soutiennent-ils.

Déjà 145 firmes canadiennes qui mettent en pratique le vote individuel demandent à l'administrateur qui reçoit une majorité d'abstention de remettre sa démission au conseil, qui décide au non de l'accepter.