Le Fonds monétaire international a exhorté mardi les États-Unis à s'unir autour d'un projet politique permettant de soutenir la croissance économique du pays tout en offrant une perspective crédible de rééquilibrage des finances publiques.

La croissance de la première économie mondiale ne devrait être que de 1,5% en 2011 et 1,8% en 2012, écrit le FMI dans ses dernières prévisions économiques mondiales, publiées à Washington.

En 2010, le PIB américain avait progressé de 3,0%, mais l'«activité économique a perdu de la vitesse» depuis janvier, et le ralentissement «a été plus fort que prévu», écrit le Fonds, qui tablait jusque-là sur une croissance américaine de 2,5% en 2011 et de 2,7% l'année suivante.

Sa projection est désormais bien inférieure à la dernière prévision du gouvernement américain (2,1% en 2011 et 3,3% en 2012) datant de septembre.

«Les États-Unis pourraient avoir à faire face à une reprise de l'emploi particulièrement léthargique», du fait d'une croissance insuffisante pour faire baisser le taux de chômage extrêmement élevé qui persiste depuis deux ans, et qui était officiellement de 9,1% en août, juge le Fonds.

Pour lui, Washington doit s'assigner comme «priorité absolue» d'établir «un programme crédible de politique budgétaire permettant de remettre la dette publique sur une trajectoire viable à moyen terme tout en soutenant la reprise à court terme».

Les risques étant clairement à une détérioration de la conjoncture, les États-Unis, comme l'Europe, «pourraient replonger dans la récession» si les pouvoirs publics ne prennent pas les décisions qui s'imposent, estime le Fonds, pour qui «les divisions politiques profondes (à Washington) font planer une incertitude très forte sur la suite de la politique» américaine.

Le plan de relance de l'activité et de l'emploi présenté le 8 septembre par le président Barack Obama «fournirait le soutien à court terme nécessaire pour l'économie, mais il doit être accompagné d'un programme budgétaire robuste à moyen terme qui augmenterait les recettes de l'État et entraverait la croissance des dépenses liées aux prestations de sécurité sociale», estime le Fonds.

M. Obama a détaillé lundi des propositions de réductions de l'endettement passant par des hausses d'impôts pour les contribuables les plus riches. Celles-ci ont été immédiatement rejetées par le camp républicain avec lequel il est obligé de composer étant donné que les démocrates ont perdu leur majorité absolue à la Chambre des représentants en janvier.

Le Fonds prévient que l'activité économique déjà faible du pays «pourrait être victime de nouveaux chocs», notamment en cas d'«impasse politique sur le rééquilibrage des finances publiques».

Pour lui, la banque centrale (Fed) «devrait se tenir prête à augmenter le soutien monétaire qu'elle a déjà mis en oeuvre par des voies non conventionnelles (...) tant que les attentes d'inflation restent contenues».

Notant qu'«une politique monétaire insuffisamment accommodante pourrait faire caler la reprise aux États-Unis, et par conséquent dans le monde», le rapport note aussi qu'une politique monétaire adéquate, mais particulièrement souple risque de susciter des flux de capitaux «difficiles à absorber» dans les pays en forte croissance «étant donné le rôle du dollar».

Pour éviter cela, le Fonds préconise une «mise en oeuvre rapide» de la loi de réforme de la finance votée à l'été 2010 afin d'empêcher «des prises de risques excessives».