Il a connu la montée en force de l'internet, la multiplication des plateformes de diffusion et la crise financière de 2008-2009, qui a frappé de plein fouet les médias. Dix ans après son arrivée à La Presse, Jean Durocher quittera, le 31 décembre, ses fonctions de vice-président, marketing et ventes. En janvier, celui qui est aussi président de Gesca Ventes Média mettra le cap sur la Floride où il s'est acheté une maison, il y a deux ans, pour jouer au golf entre autres. «Mais je ne prends pas ma retraite», souligne-t-il.

En arrivant à La Presse, en 2001, Jean Durocher avait pour mandat de redresser les ventes publicitaires. «À cause de l'internet, on subissait une baisse de revenus dans les sections carrière et professions et les petites annonces. On a réussi à combler la baisse en attirant les détaillants et la pub nationale.

Vendre des formats

«En 2001, La Presse était une entreprise avec un nombre fixe d'annonceurs, ajoute-t-il. À cause notamment des moyens techniques de production, on refusait beaucoup plus d'annonceurs qu'on n'en avait. Il fallait qu'on se tourne vers eux. Avec les années, on a réussi à développer beaucoup de clients. On a instauré la créativité média. On est arrivés avec de nouvelles idées dans le marché. On ne vend plus de lignes, mais des formats.»

On doit notamment à Jean Durocher et à son équipe l'instauration des pages publicitaires qui enveloppent totalement La Presse. «Il y a eu un tollé des puristes quand c'est arrivé, note-t-il. Tout ce qui est nouveau provoque des réactions. Mais si le client répète l'expérience, c'est que ça fonctionne. Le prix d'entrée est élevé, mais il s'aperçoit qu'il y a des résultats. Cela dit, on le fait peu souvent pour ne pas diminuer leur impact.»

Avant La Presse, l'homme souriant à la voix forte a eu à attirer les annonceurs à TQS, où il a travaillé à titre de vice-président, ventes et marketing, pendant trois ans. «Les parts de marché du réseau était anémiques, se souvient-il. TQS avait la réputation de ne pas livrer les auditoires promis. On s'est dès lors assurés que les projections seraient les bonnes. Il a fallu aller chercher de la crédibilité auprès des agences et des annonceurs.»

Durant la décennie passée à La Presse, Jean Durocher a aussi vu à la créativité média sur l'internet. «Cyberpresse a progressé selon le plan, dit-il. Mais le modèle internet ne peut amener un volume assez rapide pour payer tout.»

Il quitte son poste alors qu'il suit de près le développement d'une version de La Presse destinée aux tablettes numériques. «C'est un projet emballant, car c'est un média qui va nous permettre de faire de la vidéo et de l'audio, explique Jean Durocher. Mais il va falloir créer un contenu publicitaire riche.»

Où le retrouvera-t-on, en 2012? Jean Durocher prendra quelques semaines avant de décider. «Je suis ouvert à toutes les opportunités, répond-il. À Montréal comme à Toronto.»