Le chômage risque de rester «durablement élevé» dans la zone OCDE et la forte augmentation du chômage des jeunes et de longue durée est particulièrement alarmante, a prévenu jeudi l'OCDE, qui a appelé les gouvernements à prendre des mesures ciblées contre ce fléau.

«Le chômage demeure obstinément élevé dans la zone OCDE et les dernières projections économiques laissent à penser que la création d'emplois devrait rester très faible à court terme», relève l'Organisation de coopération et de développement économiques dans son rapport sur les perspectives de l'emploi en 2011, publié jeudi.

Après avoir atteint un pic du fait de la crise - à 8,7% fin 2009, contre 5,7% début 2008 -, le taux de chômage n'a que «modestement reculé» dans la zone OCDE, s'inscrivant en juillet dernier à 8,2%.

À la mi-2011 le chômage touchait un peu plus de 44 millions de personnes dans l'ensemble des 34 pays de l'OCDE, un niveau supérieur de plus de 13 millions aux chiffres enregistrés juste avant la crise.

«Le risque que le taux de chômage ne s'installe durablement à un niveau élevé s'est accru parallèlement à la forte augmentation du chômage de longue durée», prévient le rapport.

«Il s'agit là du visage humain de la crise», a souligné lors d'une conférence de presse le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, qui a pointé deux problèmes majeurs: «le chômage des jeunes et le chômage de longue durée» qui «accroît fortement le risque de pauvreté».

Ainsi, aux États-Unis la proportion de demandeurs d'emploi au chômage depuis plus d'un an a triplé à un record de plus de 30%. Elle est plus de 40% en Espagne. Seule l'Allemagne a vu son chômage de longue durée baisser.

Par ailleurs, les jeunes dans l'ornière sont bien plus nombreux: 17,4% des jeunes actifs de 15 à 24 étaient au chômage au premier trimestre 2011 dans la zone OCDE, contre 7% des adultes de plus de 25 ans.

«L'investissement en faveur des jeunes doit être l'un des principaux objectifs de l'action publique», préconisent les experts du château de la Muette.

Les ressources publiques étant «limitées», relève M. Gurria, «il faut accorder la priorité aux mesures offrant un bon rapport coût-efficacité» - comme des subventions à l'embauche «bien conçues». Elles doivent «cibler les populations les plus vulnérables», les jeunes démunis et les chômeurs de longue durée, estime le patron de l'OCDE qui fait référence au récent plan emploi du président américain Barack Obama.

«Une extension temporaire du dispositif de protection sociale peut aussi s'avérer cruciale pour éviter la pauvreté chez les jeunes chômeurs», souligne le rapport. «Dans de nombreux pays, il conviendrait d'offrir davantage de possibilités de combiner études et travail par le biais de l'apprentissage».

M. Gurria insiste aussi sur la nécessité de l'assainissement des finances publiques qui ramènerait «la confiance et la croissance».

Quelques bons élèves - souvent les mêmes - en matière d'emploi sont pointés: l'Australie, la Corée du Sud, le Japon, les Pays-Bas, et l'Allemagne qui a réduit son chômage pendant la crise. Les autres membres sont dans le rouge, en particulier l'Irlande, le Portugal, l'Espagne.

Meilleurs résultats au Canada

L'organisation, dont le siège est situé à Paris, mentionne que le marché du travail se redresse plus rapidement au Canada que dans la plupart des pays de l'OCDE.

Elle souligne que le taux de chômage du Canada a fléchi, atteignant 7,5% au deuxième trimestre de cette année. Le taux avait atteint 8,9% au troisième trimestre de 2009.

Le nouveau rapport montre que le Canada est l'un des rares pays à avoir ajusté les paramètres des prestations de chômage en réponse aux changements intervenus sur le marché du travail.

Il explique que les augmentations temporaires de la durée des prestations de chômage ont contribué à amortir la baisse des revenus pour une grande partie des personnes qui ont perdu leur emploi en raison de la crise.

Mais selon l'OCDE, malgré la reprise économique, les jeunes et les travailleurs peu qualifiés accusent un retard au Canada.

L'organisation indique que les jeunes chômeurs canadiens sont moins à même de percevoir des prestations de chômage et doivent davantage compter sur des revenus provenant de sources alternatives, telle que l'aide sociale, que leurs homologues dans d'autres pays de l'OCDE.

Avec La Presse Canadienne