La classe politique européenne tente de calmer les craintes et d'affaiblir la spéculation sur l'insolvabilité imminente de la Grèce.

Son premier ministre, George Papandreou, doit avoir aujourd'hui un appel tripartite avec le premier ministre français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel.

Cette dernière a de nouveau soufflé le chaud et le froid hier matin à la radio allemande. Elle a déclaré qu'un scénario «d'insolvabilité désordonnée de la Grèce» était exclu et qu'il fallait tout faire pour préserver l'ensemble de l'eurogroupe pour «éviter tout effet de domino».

De son côté, l'ex-ministre des Finances, le social-démocrate Peer Steinbrück, a donné une entrevue au respecté magazine Der Spiegel. Il y explique que l'intégration économique politique et sociétale de l'Europe profite à l'Allemagne. «Ça signifie que les Allemands devront payer.» Il a ajouté que «les responsabilités et les dettes devront être partagées».

Les rumeurs voulant que la Chine puisse acheter davantage d'obligations de pays européens ont été ravivées après qu'on a appris que des membres du gouvernement italien se sont entretenus avec leurs homologues chinois, à Rome, au début du mois.

Cela n'a pu empêcher le Trésor italien d'éprouver des difficultés à écouler une émission d'obligations venant à terme dans cinq ans, prévue à 7 milliards d'euros. Rome n'en a en fait vendu que 3,9 milliards. Qui plus est, elle a dû consentir un taux de 5,6%. Le 14 juillet, elle avait pu vendre une émission de même échéance au taux de 4,93%.

À mesure qu'augmente la probabilité d'un défaut de paiement grec (que les prix des swaps de défaillance évaluent à 98% d'ici décembre), les coûts d'emprunt des autres pays endettés de la zone euro grimpent.

Le rendement d'une obligation italienne venant à échéance en 2021 a augmenté de 16 centièmes hier pour atteindre 5,73%, en dépit du fait que la Banque centrale européenne achète pareilles obligations sur le marché secondaire depuis le 8 août.

On mesure mieux ici les craintes d'un effet domino soulevées par la chancelière allemande.

L'Italie est le pays le plus endetté d'Europe. À hauteur de 1900 milliards d'euros, sa dette est plus élevée que celles de l'Espagne, la Grèce, l'Irlande et le Portugal combinés.

La Péninsule doit lever encore 60 milliards d'euros d'ici la fin de l'année pour boucler son budget et renouveler de la dette arrivée à maturité.

Aux États-Unis

Les attaques spéculatives contre la zone euro contrastent avec ce qui se passe de ce côté-ci de l'Atlantique. Hier, les États-Unis ont dévoilé que le déficit budgétaire pour le seul mois d'août s'est établi à 134,15 milliards de dollars, soit 48% qu'en août 2010.

Qu'à cela ne tienne, ils ont écoulé 21 milliards en Treasuries venant à échéance en 2021 en consentant un taux de 2,0% seulement.

Lundi, ils ont écoulé 32 milliards de Treasuries venant à terme en 2014 en accordant un taux de 0,334% seulement. Aujourd'hui, ils mettront aux enchères 13 milliards qui viendront à terme en 2041. Ils devraient s'en tirer avec un taux avoisinant les 3,25%.

«Compte tenu des perspectives de croissance peu lumineuses aux États-Unis et des indices grandissants d'un ralentissement plus inquiétant en Europe et au Royaume-Uni, nous pensons que toute remontée des taux américains sera limitée, a écrit hier Eric Green, stratège américain chez TD. Nous pensons même que nous n'avons pas touché encore le creux des rendements.»

Les taux canadiens évoluent dans la mouvance américaine, ce qui permet aux provinces d'emprunter avantageusement, même si elles doivent consentir des écarts grandissants par rapport aux obligations canadiennes de même échéance.

Ainsi, le Québec a pu lever 500 millions, la semaine dernière, en obligations de 10 ans pour lesquelles les acheteurs se sont contentés de 3,311%.