Barack Obama devrait exhorter jeudi ses adversaires républicains à l'aider à lutter contre le chômage en adoptant de nouvelles mesures de relance dont le coût pourrait atteindre 300 milliards de dollars, un exercice lourd d'enjeux à 14 mois de la présidentielle américaine.

Le président des États-Unis est attendu à 19h00 au Capitole pour dévoiler, face aux représentants et aux sénateurs, l'«American jobs act» (la proposition de loi pour l'emploi américain), a indiqué jeudi matin le directeur de la communication de la Maison-Blanche, Dan Pfeiffer.

Ce dispositif sera destiné à «remettre les gens au travail, à mettre davantage d'argent dans leurs poches. Il sera totalement financé», a assuré M. Pfeiffer sur son compte Twitter.

M. Obama, en difficulté dans les sondages, devrait aussi adopter un ton offensif face au Congrès, où ses adversaires républicains contrôlent la Chambre des représentants et détiennent une minorité de blocage au Sénat.

«Les Américains en ont assez de l'inaction. Le Congrès a été en vacances pendant cinq semaines. Il est temps de se remettre au travail pour les Américains et de mettre un terme à ces discussions politiciennes que nous entendons trop souvent», a affirmé le secrétaire général de la Maison Blanche, William Daley, jeudi matin sur NBC.

Des médias américains ont évoqué un coût de 300 milliards de dollars pour ce plan, destiné à doper les embauches et l'activité de la première économie mondiale. Elle est encore loin d'avoir compensé les plus de huit millions d'emplois perdus pendant la récession de 2007-2009.

C'est pour tenter de dépasser cette crise que M. Obama, un mois après son arrivée au pouvoir début 2009, avait promulgué un plan de relance massif de 787 milliards de dollars. Mais deux ans et demi plus tard, la situation sur le front du chômage, même stabilisée, reste préoccupante.

L'économie américaine a détruit autant d'emplois qu'elle en a créés en août, mettant fin à dix mois consécutifs d'embauches nettes, et le taux de chômage officiel s'est maintenu à 9,1%.

Ce chiffre, conjugué à d'autres indicateurs économiques à l'orange, alimente les craintes d'une replongée dans la récession.

La popularité de M. Obama en pâtit aussi, oscillant autour de 40% à moins de 14 mois de l'élection présidentielle lors de laquelle il va briguer un second mandat de quatre ans.

Selon des sources au parti démocrate, citées par la chaîne CNN, M. Obama tentera de faire passer ce nouveau plan en offrant au Congrès de compenser ces dépenses par des mesures d'économies budgétaires du même montant.

Mais les républicains ont réagi avec méfiance aux détails de ce plan ayant déjà fait surface. La Maison-Blanche n'a pas renoncé à réclamer une hausse de la fiscalité pour les plus aisés, un chiffon rouge pour les conservateurs.

«Je n'ai aucun doute sur le fait que le président va proposer beaucoup de choses qui vues séparément auront l'air séduisantes, ou qu'il dira qu'elles sont soutenues par les deux partis. Mais je suis aussi certain que prises dans leur ensemble, elles ne seront que la déclinaison d'une stratégie qui n'a fait qu'empirer les choses ces dernières années», a affirmé mercredi le chef de la minorité au Sénat, Mitch McConnell.

L'emploi a été au centre du débat mercredi soir entre candidats à l'investiture républicaine en Californie. «Ce que les Américains recherchent, c'est quelqu'un qui puisse remettre ce pays au travail», a ainsi déclaré Rick Perry, le gouverneur du Texas jusqu'ici en tête des sondages pour la primaire.

Certains républicains ont carrément annoncé qu'ils ne seraient pas au Capitole jeudi soir. Parmi eux, le sénateur de Louisiane (sud) David Vitter a indiqué qu'il pourrait regarder le discours depuis son domicile, mais qu'il se concentrerait plutôt sur l'ouverture de la saison de football américain. «En tant que partisan, j'ai mes priorités», a-t-il dit.