Le département américain de la Justice a annoncé mercredi qu'il s'opposait au projet d'acquisition par AT&T (T), actuel numéro deux de la téléphonie mobile aux États-Unis, de son concurrent T-Mobile, filiale de l'allemand Deutsche Telekom, pour 39 milliards de dollars.

«L'opération réduirait la concurrence dans le secteur des services de télécommunications mobiles sans fil, conduisant à des prix plus élevés, des services de qualité inférieure, moins de choix et moins de produits innovants pour des millions de clients américains», justifient les autorités dans un communiqué.

La fusion d'AT&T et de T-Mobile «combinerait deux des quatre plus importants acteurs du marché et éliminerait T-Mobile, un concurrent agressif», a déclaré James Cole, le ministre adjoint de la Justice, cité dans le communiqué.

«Afin de s'assurer que la concurrence continue et que tout le monde, y compris les clients, les entreprises et le gouvernement, continuent de recevoir des produits et des services de téléphonie mobile de haute qualité et compétitifs, le département de la Justice a déposé une plainte aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Concrètement, le département de la Justice (DoJ) a déposé une plainte devant un tribunal chargé des affaires de concurrence en lui demandant de bloquer l'opération.

Annoncée en mars, l'opération est fortement contestée par une partie de la classe politique américaine, en raison de ses conséquences possibles sur l'emploi et sur le choix pour les consommateurs.

AT&T prévoit de faire appel de cette décision, a indiqué le groupe dans un courriel à l'AFP. «Nous sommes surpris et déçus par l'annonce d'aujourd'hui», a réagi Wayne Watts, responsable juridique à AT&T. «Nous allons vigoureusement contester (la plainte) devant un tribunal», a-t-il ajouté.

Verizon contrôle actuellement 31% du marché du portable, suivi par AT&T avec 27% et Sprint Nextel. En acquérant les 37,3 millions de clients de T-Mobile USA, AT&T verrait sa part passer à 39% du marché.

Le projet est parallèlement examiné par l'autorité américaine des télécommunications (FCC). Son président, Julius Genachowski, a indiqué dans un communiqué: «Même si notre processus n'est pas terminé, le dossier que nous étudions soulève aussi de nombreuses inquiétudes» pour la concurrence.

AT&T s'était engagé plus tôt mercredi à rapatrier aux Etats-Unis 5000 emplois actuellement pourvus dans ses centres d'appels à l'étranger, en cas de feu vert des autorités à son projet.

L'acquisition de T-Mobile doit s'accompagner de 8 milliards de dollars d'investissements dans les réseaux, avait rappelé l'entreprise.

Le titre d'AT&T lâchait 4,25% à 28,36 $ sur le New York Stock Exchange vers midi. L'action de Sprint Nextel prenait à l'inverse 6,90% à 3,80 $ mais celle de Verizon baissait de 0,41% à 36,16 $.