Rupert Murdoch, patron de l'empire des médias News Corporation ébranlé par le récent scandale des écoutes en Grande-Bretagne, a tenté de rassurer mercredi ses investisseurs en publiant un bénéfice annuel en hausse et en affirmant qu'il conservait le soutien du conseil d'administration.

«Bien que cela ait été un bon trimestre d'un point de vue financier, notre groupe a été confronté ces dernières semaines à des problèmes liés à notre tabloïde londonien News of the World», accusé d'avoir pratiqué des écoutes sur quelque 4000 personnes dans les années 2000, a commenté le PDG du groupe, Rupert Murdoch, dans un communiqué.

Le patriarche, âgé de 80 ans, a affirmé qu'il conservait le soutien du conseil d'administration suite à cette affaire.

«Le poste n'est pas à pourvoir dans un futur proche», a-t-il souligné alors qu'on lui demandait si cette instance envisageait de le remplacer au cours d'une téléconférence avec les analystes.

«Le conseil d'administration et moi-même pensons que je dois continuer dans mes fonctions actuelles de président et directeur général», a-t-il dit.

Rupert Murdoch a aussi réitéré sa confiance en son fils et dauphin pressenti, James, qui, en tant que responsable des activités de News Corp en Asie et en Europe, chapeautait le journal au coeur du scandale. Mais, a-t-il remarqué, son poste reviendrait au directeur des opérations Chase Carey «si je passais sous un bus».

Toute décision concernant la succession serait de toute façon du ressort du conseil d'administration, que le PDG a qualifié de «solide et très souvent critique».

«Il est important de noter que (le scandale des écoutes) n'a eu aucune répercussion significative sur nos autres opérations», a souligné le magnat, considérant l'ensemble des activités de News Corp dans le monde comme «extrêmement solide aujourd'hui.»

Outre la fermeture brutale du tabloïd News of the World, l'affaire a forcé Rupert Murdoch à renoncer au rachat de la totalité du bouquet satellitaire BSkyB.

«Nous agissons avec détermination» et «ferons ce qui est nécessaire pour empêcher de tels événements de se reproduire», a ajouté Rupert Murdoch.

Le groupe a publié mercredi un bénéfice annuel en hausse de 7,9%, à 2,74 milliards de dollars, même si le profit au quatrième trimestre a diminué de 22% à 683 millions de dollars.

Rapporté au nombre d'actions, le bénéfice annuel revient à 1,04 dollar. Hors éléments exceptionnels, il se situe à 1,14 dollar, là où les analystes tablaient sur 1,12 dollar, tandis que le chiffre d'affaires a affiché une légère hausse, de 2% à 33,4 milliards de dollars.

Pour le quatrième trimestre de son exercice décalé, le bénéfice par action s'établit à 26 cents. Hors éléments exceptionnels, il se situe à 35 cents, soit plus que les 30 cents anticipés par Wall Street.

La vente du site internet MySpace, acheté en 2005 pour 580 millions de dollars mais cédé pour une trentaine de millions de dollars fin juin, a lesté les résultats du groupe à hauteur de 254 millions de dollars.

Le bénéfice d'exploitation des chaînes du câble a augmenté sur l'année de 21,7%, à 2,76 milliards de dollars, profitant au quatrième trimestre d'une hausse du nombre d'adhérents et des revenus publicitaires. Celui de la télévision a plus que triplé, à 681 millions de dollars, là aussi porté par des recettes publicitaires en hausse.

Le profit tiré de l'activité cinéma (studios Fox) a par contre diminué de 31,3%, à 927 millions de dollars. Mais l'année précédente avait particulièrement profité du succès du film Avatar, souligne News Corp.

Le bénéfice de l'activité de presse et édition a, lui, augmenté de 85%, à 864 millions de dollars.

Le titre augmentait de 0,88% à 13,83 dollars mercredi dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York. Il a perdu plus de 20% depuis début juillet.