Don Cherry sera-t-il bientôt associé à une entreprise québécoise? La montréalaise Laboratoires Paladin a en tout cas lancé hier une offre hostile de 50 millions de dollars pour mettre la main sur la pharmaceutique albertaine Afexa et son produit-vedette, le COLD-FX, dont l'ex-entraîneur de hockey fait la promotion.

> Suivez Philippe Mercure sur Twitter

Paladin a déclenché les hostilités après avoir acquis 15% des actions d'Afexa le mois dernier, puis négocié avec l'entreprise pour tenter d'en prendre le contrôle.

«On a discuté et on n'a pas été en mesure de conclure une entente, alors on a décidé de soumettre une offre directement aux actionnaires», a expliqué à La Presse Affaires Mark Gaudet, vice-président aux ventes et marketing chez Paladin.

Paladin offre 55 cents pour chaque action d'Afexa pour une somme totale d'environ 50 millions. Les actionnaires d'Afexa peuvent aussi choisir d'échanger chaque action d'Afexa contre 0,013 action de Paladin.

Paladin se targue d'offrir une prime de 57% par rapport au cours de l'action d'Afexa en date du 14 juillet, dernier jour avant que Paladin n'annonce son premier investissement dans l'entreprise. Il s'agit d'une prime de 16% par rapport au prix de clôture de l'action mardi.

Afexa a prié ses actionnaires de ne pas accepter l'offre, jugeant qu'elle «sous-évalue significativement» la valeur de l'entreprise.

Afexa, dont le siège social est à Edmonton, a mis sur pied un comité spécial pour étudier l'offre et a requis les services de Scotia Capitaux pour solliciter d'autres offres.

Pilule empoisonnée

L'un des obstacles qui se dressent sur le chemin de Paladin est le fait qu'Afexa possède une pilule empoisonnée, ou dragée toxique, pour prévenir les prises de contrôle non sollicitées.

Cette pilule empoisonnée permet aux actionnaires autres que l'acquéreur d'acheter de nouvelles actions au rabais, une manoeuvre destinée à noyer le marché et saboter la prise de contrôle.

Selon l'analyste Pooya Hemami, de Valeurs mobilières Desjardins, ce pépin risque cependant davantage de retarder l'acquisition que de la faire dérailler. Paladin pourrait aller en cour pour contester cette mesure, ou Afexa pourrait décider de la laisser tomber si les actionnaires se montrent enthousiastes pour l'offre de Paladin, surtout dans le cas où aucune offre concurrente ne vient créer de surenchère.

Parce qu'il est clair qu'Afexa sollicitera d'autres offres.

«À mon avis, ils n'en trouveront pas, mais rien n'est certain à ce point. Paladin vient de lancer un processus et il y a beaucoup de possibilités sur la façon dont il évoluera», a dit à La Presse Affaires l'analyste Pooya Hemami.

Le nerf de cette guerre est le COLD-FX, le médicament contre le rhume et la grippe le plus vendu au pays et de loin le produit d'Afexa qui connaît le plus de succès.

«On croit que le COLD-FX va bien se combiner à notre portefeuille de produits», dit Paladin, dont la recette est de choisir avec soin des produits conçus par d'autres entreprises, puis d'en acquérir les droits pour les commercialiser au Canada et dans certains autres marchés.

En entrevue, le vice-président Mark Gaudet a confirmé que le COLD-FX deviendrait d'emblée le plus important vendeur de Paladin.

L'analyste Pooya Hemami considère le médicament comme un produit mature dont le marché est stagnant, mais croit que Paladin est bien placé pour faire un bon ménage dans les activités d'Afexa et en améliorer la rentabilité.

Le titre de Paladin a grimpé de 2$ pour clôturer à 42$, hier. Signe que le marché s'attend à une surenchère, celui d'Afexa a gagné près de 18% pour clôturer à 56 cents, soit davantage que les 55 cents offerts par Paladin.