Rarement les chiffres mensuels donnant le pouls du marché du travail n'auront été aussi attendus que ceux de juillet qui seront connus vendredi.

Des deux côtés de la frontière, les attentes sont modestes, mais on craint pire, compte tenu du fort ralentissement de la croissance durant le printemps et de la stagnation de la consommation des ménages américains.

Au Canada, l'indice d'offres d'emploi du Conference Board signalait en juillet que les perspectives d'embauche étaient favorables dans 19 régions métropolitaines de recensement (RMC), dont Saguenay, Sherbrooke et Montréal, mais défavorables dans 5 autres, dont Québec, Trois-Rivières et Ottawa-Gatineau.

Cet indice, qui mesure le nombre d'offres d'emploi sur quelque 80 sites internet ainsi que le nombre de postulants par offre reflète assez fidèlement les tendances du marché du travail au cours du mois.

Il colle aussi à la prévision médiane des experts qui tablent sur 15 000 emplois de plus, d'un océan à l'autre. Cela équivaut à la moyenne mensuelle à long terme.

Le fait que la moitié seulement des RMC québécoises aient des perspectives favorables reflète bien aussi la faible création d'emplois cette année. À l'échelle canadienne, on en compte 192 000 de plus depuis janvier, dont 11 600 seulement au Québec. Ce dernier chiffre cache de grandes disparités régionales. Ainsi, Statistique Canada en dénombre 49 800 de plus dans la région montréalaise, mais 18 500 de moins à Québec et sa banlieue.

En outre, les chiffres de juillet restent une énigme statistique depuis plusieurs années. Les données désaisonnalisées captent mal la fin des contrats des enseignants non titulaires qui sont généralement réembauchés en septembre. De tous les mois, juillet est le seul où le nombre d'emplois a diminué au cours des trois dernières années.

Aux États-Unis

Du côté américain, les données de l'ISM manufacturier de juillet indiquent que les fabricants avaient davantage licencié qu'embauché.

Pour l'ensemble de l'économie, la prévision médiane s'élève à une récolte de quelque 90 000 emplois, venant tous du secteur privé car les municipalités et les États réduisent leurs effectifs, mois après mois.

Il en faut cependant environ 200 000 pour maintenir le taux de chômage, à moins que des chercheurs d'emploi découragés quittent les rangs de la population active, ce qui est actuellement le cas.

Cela n'a pas empêché le taux de chômage de monter d'avril à juin. Plusieurs s'inquiètent qu'il ne s'agisse du signe d'une rechute en récession de la première économie du monde, désormais entravée par une austérité budgétaire corrosive. Les économistes de Goldman Sachs ont établi une corrélation entre la hausse du chômage et l'entrée en récession. Pour lisser la volatilité des données mensuelles, sans cesse révisées aux États-Unis, ils travaillent avec la moyenne mobile de trois mois. En avril, ce taux de chômage moyen était de 8,90%, en juin de 9,07%.

Quand l'écart atteint 35 centièmes, il y a trois chances sur quatre que l'économie soit en récession.

Si le taux de chômage avait grimpé à 9,3% en juillet et s'y maintenait en août, l'écart aurait atteint 35 centièmes.

La banque d'affaires prévoit qu'il est demeuré à 9,2%, malgré seulement 50 000 emplois nouveaux.