La direction de Just for Laughs/Juste pour rire est en mode séduction: elle veut attirer plus de francophones à ses événements en anglais.

Bruce Hills s'est fait une promesse. En septembre, le chef de la direction de Just for Laughs (JFL) veut approcher des poids lourds des milieux culturels et d'affaires de la province. Plus précisément les francophones.

Il souhaite ainsi susciter de l'intérêt pour le Comedy Conference, un événement organisé par JFL qui rassemble au Hyatt Regency de Montréal des artistes anglophones majoritairement américains, mais surtout leur entourage (producteurs de films, dirigeants de chaînes télé, etc.) pendant les trois jours de l'événement qui se tient en juillet depuis 2008 (du 28 au 30 juillet cette année).

«Cet automne, on veut rencontrer cinq dirigeants qui ont de l'impact à Montréal et qui font des affaires à l'extérieur du Québec, précise Bruce Hills. Des Patrick Roy, d'Alliance Vivafilm, par exemple. Je veux savoir ce qui serait pertinent pour eux dans une telle conférence. On vend déjà des laissez-passer à des francophones pour le Comedy Conference, mais pas suffisamment.

On aimerait en vendre 50 en 2012, alors qu'on a moins de la moitié de ce nombre cette année.»

«Ce n'est pas facile de convaincre les francophones, note Andy Nulman, président des festivals et de la télévision de Just for Laughs/Juste pour rire. Ils sont intimidés. On les sort de leur zone de confort.»

S'il y a toujours eu des francophones amateurs des galas anglophones et autres Nasty Shows à Just for Laughs, la direction dit qu'elle aurait pu fournir plus d'efforts pour en attirer davantage. «De plus en plus, on essaie de programmer des spectacles bilingues, mentionne Bruce Hills. On ne l'a pas fait autant qu'il le fallait jusqu'à présent.»

Parallèlement, l'entreprise veut aujourd'hui montrer que JFL n'est pas qu'un vecteur de rire, mais une entreprise vraiment en affaires. «Au cours des dernières années, cette pensée business a été écartée, estime Andy Nulman, revenu dans l'organisation il y a un an. On a vraiment changé. C'est important aussi qu'il y ait des liens qui se tissent entre les gens d'ici et ceux qui ont de l'influence à l'extérieur. Les idées d'ici peuvent devenir des idées internationales.»

À l'aube de sa trentième année d'existence, le festival s'est donné plusieurs missions. «Au cours des deux dernières années, les ventes ont stagné, confie Bruce Hills. Pas que ç'a été terrible, mais ça n'a pas été exceptionnel. Le chef de la direction de JFL pointe notamment du doigt la durée du festival. «On était trop compactés, souligne-t-il. Pour la première fois, cette année, nos événements s'étirent sur trois semaines. On respire. Et ça fonctionne. On a atteint les ventes de l'an dernier deux semaines plus tôt, cet été.»

JFL a aussi rafraîchi sa programmation. «Par exemple, on présente maintenant des galas thématiques (Modern Love: The Relationship Show, A Tribute to Nerds, Decline of the American Empire) et non juste une suite de stand-ups présentés par une grande vedette, note Bruce Hills. On a changé certains concepts. On ne voulait pas avoir l'air vieux et plate.»

225 000

Nombre de billets vendus pour une valeur de 11 millions en 2010.

100 millions

Retombées économiques dans la métropole en 2010, selon Tourisme Montréal.

38 millions

Budget pour le festival et les diffusions en 2011.

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