Un magnat de l'informatique en Inde, à la tête du deuxième groupe du secteur, estime qu'une légalisation des versements de pots-de-vin aiderait à réduire la corruption endémique dans le pays, selon des propos rapportés mercredi par l'agence Press Trust of India (PTI).

Le président d'Infosys, N.R. Narayana Murthy, a déclaré qu'il soutenait pleinement la proposition d'un économiste, Kaushik Basu, de rendre légaux les versements de dessous-de-table au motif que cela aiderait l'opinion à dénoncer les membres corrompus de l'administration indienne.

«Si le versement, et non l'acceptation, de pots-de-vin est rendu légal alors celui qui offre (l'argent) devrait coopérer avec les autorités pour dénoncer celui qui accepte» le pot-de-vin, a détaillé M. Murthy lors d'un discours à Ahmedabad (ouest) mardi.

«Cela paraît être une idée intéressante et je pense qu'elle devrait être appliquée», a-t-il ajouté.

Selon lui, la corruption a affecté les perspectives de croissance de l'Inde, estimant même que «la croissance à deux chiffres qui a échappé à l'Inde aurait pu être possible si nous avions lutté contre la corruption».

L'Inde prévoit un taux de croissance de 8,6% pour l'année 2011-2012.

Plusieurs retentissants scandales de corruption ont récemment terni l'image du gouvernement de centre-gauche, avec notamment la révélation d'une vente présumée frauduleuse de licences de téléphonie mobile qui aurait spolié le Trésor de jusqu'à 40 milliards de dollars.

Mais la corruption existe à tous les niveaux de la société et dans la vie de tous les jours, qu'il s'agisse de dessous-de-table versés pour éviter une amende sur la voie publique ou pour se procurer un permis de conduire.

Lorsque Kaushik Basu, conseiller économique en chef auprès du gouvernement, a proposé de légaliser le versement de pots-de-vin, les commentateurs ont jugé que cette initiative ne ferait que légitimer la corruption.

M. Basu avait estimé que cela permettrait que «celui qui verse le pot-de-vin veuille bien coopérer pour faire arrêter la personne recevant l'argent. Sachant cela, celui qui reçoit l'argent sera dissuadé d'accepter le dessous-de-table». Transparency International a donné à l'Inde une note de 3,3 sur un indice de 10, la note maximale étant accordée à un pays considéré comme «propre».