James Murdoch, 38 ans, placé par son père, le magnat australo-américain de la presse Rupert Murdoch, au poste de numéro 3 du groupe familial News Corp., se retrouve désormais en première ligne dans le scandale des écoutes qui éclabousse l'ensemble de cet empire.

Après la fracassante arrestation dimanche de Rebekah Brooks, protégée de Rupert Murdoch et ex-directrice de News International, la division britannique du groupe News Corp., le fils cadet de Rupert Murdoch n'a plus de «fusible» pour tenter de contenir le scandale.

Le père et le fils ont finalement accepté jeudi de répondre à une convocation des députés qui souhaitent entendre leurs versions des faits sur cette retentissante affaire d'écoutes téléphoniques pratiquées à grande échelle par l'ancien tabloïde News of the World.

Le témoignage ce mardi de James Murdoch devant une commission des médias de la chambre des Communes britannique sera «décisif» pour l'avenir de l'héritier pressenti de Rupert Murdoch, selon le quotidien britannique The Daily Telegraph.

Né le 13 décembre 1972, détenteur d'une double nationalité américaine et britannique, James est devenu en mars directeur adjoint de l'exploitation et PDG des activités internationales de News Corp., tout en conservant la responsabilité directe des opérations du groupe en Asie et en Europe.

Ces opérations incluent la division News International qui regroupe les journaux britanniques du groupe, notamment le tabloïde News of the World dont James Murdoch a décidé la fermeture le 10 juillet.

Cette promotion en tant que numéro trois de News Corp a été perçue comme un nouveau signe que son père, 80 ans, l'avait choisi pour lui succéder après avoir jeté son dévolu jusqu'en 2005 sur son fils aîné Lachlan.

Les pressions exercées sur News Corporation se sont encore accentuées avec l'annonce samedi d'une réunion des membres du conseil d'administration de BSkyB dont James Murdoch est le directeur général depuis 2003.

D'après le Daily Telegraph, le conseil d'administration de BSkyB, dont le magnat américain d'origine australienne détient 39%, aurait décidé de se réunir le 28 juillet pour discuter de l'avenir de James Murdoch, président du groupe.

News Corp a retiré la semaine dernière son offre controversée d'un rachat total du bouquet britannique de chaînes par satellite BSkyB.

Conspué par la classe politique britannique après le scandale des écoutes téléphoniques, Rupert Murdoch a préféré jeter l'éponge. Mais en coulisse, le père et le fils ont eu un différend sur l'opportunité de retirer cette offre.

James, qui ne jure que par la télévision, aurait fait pression pour ne pas lâcher ce dossier qui lui tient à coeur.

En 2003, son père le nomme à trente ans directeur général de BSkyB (British Sky Broadcasting), l'une des plus importantes entreprises britanniques cotées en bourse.

Son arrivée à la tête d'une entreprise présidée par son père déclenche des accusations de népotisme, mais il n'en a cure et réussit à s'imposer.

Dans sa jeunesse, il a l'image d'un rebelle, avec boucles d'oreille et cheveux blond platine, vêtu de pantalons baggy. En revenant dans le giron familial, son look s'est assagi, avec des lunettes en métal et des cheveux courts. Il est marié à une Américaine et a deux enfants.

En 2007, il est nommé PDG des activités de News Corp. en Europe et en Asie, tout en gardant un pied dans BSkyB. Il revient au conseil d'administration de News Corp, dont il avait déjà été membre de 2000 à 2003.

Son père le qualifie pour l'occasion de «dirigeant talentueux, ayant fait ses preuves, doté d'un rare mélange de vision internationale et d'expérience de terrain approfondie». Il félicite également son fils pour avoir fait de Sky «le plus beau groupe de télévision en Europe».

Lors de sa nomination en mars comme numéro trois de News Corp, le directeur d'exploitation et président adjoint du conseil d'administration Chase Carey, loue James pour sa «profondeur de jugement», mise largement en doute aujourd'hui.