Tom Mockridge, auquel incombe la lourde tâche de reprendre en pleine tempête les rênes de la division britannique du groupe de Rupert Murdoch, est l'un des plus fidèles lieutenants du magnat de la presse, avec lequel il travaille depuis 20 ans.

Ce Néo-Zélandais de 56 ans, qui occupait précédemment les fonctions de directeur général de Sky Italia, a plusieurs cordes à son arc qui lui seront particulièrement utiles en cette période de crise: ancien porte-parole du gouvernement australien, M. Mockridge, qui amorça sa carrière comme journaliste dans son pays, connaît bien le monde des médias et des relations publiques. Une combinaison précieuse au moment où l'empire Murdoch, secoué par un scandale d'écoutes illégales, est sur la sellette dans plusieurs pays.

M. Mockridge, qui a rejoint Rupert Murdoch en janvier 1991, est aussi considéré comme un proche de James Murdoch, numéro trois du groupe paternel News Corp et président de News International, sa branche britannique.

«Tom est un dirigeant hors pair qui a une expérience inégalée dans le journalisme et la télévision», a d'ailleurs souligné le fils cadet du magnat australo-américain dans un communiqué, après l'annonce de sa nomination. «Je suis convaincu que Tom est la personne la mieux placée pour faire aller l'entreprise de l'avant», a-t-il ajouté.

Malgré son long passé au sein du groupe, M. Mockridge n'avait jamais travaillé avant pour News International. Il est donc resté à l'écart du scandale des écoutes téléphoniques pratiquées à grande échelle par un des tabloïds de Murdoch, News of the World (NotW), soupçonné d'avoir pris pour cible quelque 4.000 personnalités de tous horizons au Royaume-Uni.

Mais M. Mockridge aura besoin de tout son savoir-faire pour être à la hauteur de la confiance que lui témoigne M. Murdoch en lui donnant la place occupée par Rebekah Brooks, une de ses protégées qu'il considère, dit-on, comme son «septième enfant».

Il va lui falloir tenir la barre de la division britannique de News Corp. - qui comprend aussi le Sun, plus gros tirage au Royaume-Uni, le Times et le Sunday Times - au moment où celle-ci traverse la plus importante zone de turbulences de son histoire. En une semaine, M. Murdoch a dû fermer brutalement le NotW pour tenter d'apaiser la tourmente et renoncer au rachat de la totalité du bouquet satellitaire BskyB, au coeur de sa stratégie d'expansion au Royaume-Uni.

La priorité immédiate de M. Mockridge sera de s'occuper de la conduite des affaires du groupe, tandis qu'un autre dirigeant, Will Lewis, sera chargé de gérer le scandale des écoutes. Sous la direction du Néo-Zélandais, Sky Italia a vu le nombre de ses abonnés atteindre les cinq millions.

L'homme est aussi un habitué du combat politique. Pendant ses années italiennes, il a dû affronter à plusieurs reprises le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, qui contrôle Mediaset, un groupe de médias rival. Une expérience qui devrait lui être utile au moment où la classe politique britannique fait front commun pour dénoncer les pratiques au sein de News Corp et a fait pression avec succès sur Rupert Murdoch pour qu'il retire son offre sur BskyB.