À chacun son spectacle de U2! Samedi dernier, le temps était magnifique, le soleil n'était pas encore couché, 80 000 personnes attendaient impatiemment l'arrivée du groupe irlandais sur scène, puis un avion Piper PA-18 est passé au-dessus de l'Hippodrome. Derrière sa queue: une banderole avec l'inscription «aerogram.ca, le média aérien». «Il est passé à la bonne heure pour qu'on le voie», dit Jean-François Bourdeau, directeur, recherche média, de l'agence Touché! PHD.

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L'avion d'Aerogram revenait de L'Île-Perrot où il devait voler pour une demande en mariage aérienne. «Je devais repasser au-dessus de la ville pour retourner à Saint-Hubert, raconte le pilote et président-fondateur d'Aerogram, Jean-Pierre Ciambella. J'en ai profité pour changer de bannière pour faire de l'autopromotion. Une façon de rentabiliser le voyage et de rappeler qu'on existe depuis 27 ans. J'en ai aussi profité pour voler au-dessus de l'emplacement des feux d'artifice.»

Aerogram fait de 15 à 25 vols pour des annonceurs comme Ultramar et Toyota chaque année au Canada, en plus d'une douzaine de vols pour des demandes en mariage et anniversaires.

Jean-Pierre Ciambella reconnaît que les profits de l'entreprise ont baissé au cours des dernières années. Et ce, même si la concurrence a diminué, depuis la fermeture d'Aviad Canada il y a deux ans. «Je fais un petit peu plus d'autopromotion», dit-il.

L'essence fait mal

Comme d'autres secteurs du transport, Aerogram est directement touché par l'augmentation des prix de l'essence. «Transports Canada est aussi très sévère en matière de normes de transport», souligne le pilote. Et le fait qu'on soit aujourd'hui plus sensibles à l'égard de la pollution causée par les appareils? «On dit que c'est polluant, mais on n'a pas changé nos habitudes en voiture pour autant, note Jean-Pierre Ciambella. De mon côté, j'ai amélioré mes avions pour minimiser l'empreinte carbone. J'ai investi presque quatre fois le prix d'un avion pour y arriver.»

L'avènement des médias sociaux pourrait détourner l'attention d'un média qui célébrera bientôt ses 90 ans d'existence. Le président d'Aerogram ne le croit pas. «L'internet est accessible partout, mais ce n'est pas tout le monde qui s'y retrouve, note-t-il. On demeure un média de masse. Tout le monde voit une pub dans le ciel.»

«C'est à la fois très ciblé et pas ciblé du tout, note de son côté Jean-François Bourdeau, de Touché! PHD. C'est un média secondaire et même tertiaire. Pour y avoir recours efficacement, un annonceur doit avoir d'autres communications.»

Pour l'instant, Aerogram estime à 10 000$ la visibilité obtenue samedi soir. «On est sous-estimé de beaucoup de planificateurs médias, estime Jean-Pierre Ciambella. Pourtant, avec les problèmes de circulation existants, le média aérien peut être un véhicule pour distraire les gens coincés dans les bouchons et enlever la tension.»