L'Australo-américain Rupert Murdoch, propriétaire du groupe de presse News Corp. dont le journal britannique News of the World est au centre d'un scandale d'écoutes téléphoniques, est à 80 ans plus que jamais à la tête d'un vaste empire de presse.

Mais l'affaire des écoutes du tabloïde News of the World, devenue un scandale national aux multiples ramifications qui éclabousse les médias, pourrait bien contrarier ses projets.

Le scandale risque en effet de retarder le feu vert gouvernemental au projet de rachat par M. Murdoch du bouquet satellitaire BSkyB, très contesté au nom du pluralisme.

À 80 ans, M. Murdoch règne sur un empire médiatique qui pesait 57 milliards de dollars en 2010, générant 33 milliards de dollars US de chiffre d'affaires, dans la télévision, l'édition, l'internet et les journaux, avec entre autres la chaîne américaine Fox Television ou le journal américain Wall Street Journal.

Sa présence s'étend de l'Australie à l'Europe, en passant par les États-Unis, l'Asie et l'Amérique latine.

Et ce boulimique de travail ne semble pas près de s'arrêter. «Quiconque attend qu'il prenne sa retraite sera très déçu. Rupert, loin de ralentir ... accélère», témoignait le journaliste australien et auteur Hugh Lunn, à la veille de son 80e anniversaire en mars.

Né le 11 mars 1931 à Melbourne en Australie, Keith Rupert Murdoch hérite très jeune de deux journaux à faible tirage dans la région d'Adélaïde.

En 1969, il revient en Grande-Bretagne (il avait étudié à Oxford) et s'empare de News of the World et The Sun, qui deviendront des piliers de la presse tabloïde britannique. En 1976, il conquiert l'Amérique en mettant la main sur le New York Magazine et le New York Post.

En 1981, son emprise sur la presse britannique marque une nouvelle étape avec le rachat des journaux de référence The Times et Sunday Times.

Mais Rupert Murdoch n'est pas seulement un homme de presse. Ses contradicteurs soulignent surtout son goût pour l'intrigue politique.

Parmi les plus puissants magnats de presse, il s'est fait une réputation de faiseur de rois en soutenant successivement George W. Bush et Hillary Clinton, Margaret Thatcher et Tony Blair.

Dans un portrait, le magazine The New Yorker racontait comment M. Murdoch avait joué un rôle décisif dans l'élection du maire de New York en 1977, en soutenant un candidat donné vaincu par les sondages.

Admirateur de Margaret Thatcher et Ronald Reagan, Rupert Murdoch ne cache pas son aversion pour les syndicats et les impôts. En 1983, il avait brisé le syndicat du Livre anglais en licenciant 5000 de ses employés.

Aux États-Unis, sa chaîne de télévision Fox News est souvent raillée pour des positions très conservatrices.

Au Royaume-Uni, les journaux du magnat australien ont été les fervents soutiens de la politique conservatrice de Margaret Thatcher et de son successeur John Major. Lors des élections de 1992, le Sun avait titré en Une: «Si (le travailliste) Kinnock gagne aujourd'hui, la dernière personne à quitter la Grande-Bretagne pourrait-elle éteindre la lumière?»

En 1997, Rupert Murdoch a cependant créé la surprise, quand ses quotidiens The Sun et News of The World ont apporté leur soutien au travailliste Tony Blair.

Le New Yorker rappelle comment le futur Premier ministre britannique avait dès 1995 parcouru 14 000 kilomètres pour participer à une conférence de News Corp. et ainsi obtenir les faveurs de Murdoch.

Rupert Murdoch s'est marié à trois reprises et a six enfants.

À propos de celui qui ferait pâlir d'envie un Citizen Kane, sa mère Dame Elisabeth Murdoch, 102 ans, dit pourtant que la réussite de son fils n'est pas tout: «Je suis très fière de lui car c'est un bon père et un bon fils. Et ça, j'en suis fière. Pas autant de sa richesse».