Ancien numéro un des réseaux sociaux, le site internet MySpace, acquis à prix d'or par News Corp. en 2005, a été revendu pour quelques dizaines de millions de dollars à une régie publicitaire en ligne, Specific Media, qui entend en faire un vecteur pour ses activités.

MySpace «a transformé la façon dont les gens découvrent, consomment et entrent en relation avec les contenus en ligne», a souligné le directeur général de Specific Media, Tim Vanderhook, cité dans un communiqué.

«Il y a beaucoup de synergies entre nos entreprises car nous nous attachons tous à enrichir l'expérience des médias numériques en les rendant plus pertinents et plus intéressants», a-t-il ajouté.

Ni Specific Media ni News Corp., qui gardera une participation minoritaire, n'ont annoncé le prix de la transaction, mais selon les médias américains, la transaction représenterait un montant compris entre 30 et 40 millions de dollars - bien loin des 580 millions versés en 2005 par le groupe de Rupert Murdoch.

Dans le même temps, une note de service publiée par le site d'informations All Things Digital indique que MySpace va souffrir une nouvelle cure d'amaigrissement drastique. Selon certaines informations, la moitié des effectifs seraient touchés, soit environ 200 personnes.

Le directeur général Mike Jones, qui avait déjà supprimé 47% des effectifs en début d'année, a annoncé qu'il quitterait lui-même MySpace au terme d'une transition de deux mois.

News Corp. s'était mis en février à la recherche d'un nouveau propriétaire pour le réseau social MySpace qu'il peinait à relancer après l'avoir repositionné comme rendez-vous des amateurs d'actualité culturelle, et notamment musicale.

Dans les derniers comptes trimestriels publiés début mai par News Corp., les résultats de MySpace figuraient dans une catégorie aux contours imprécis, dont les pertes d'exploitation avaient été creusées de 125 à 156 millions de dollars.

Un graphique diffusé par le cabinet ComScore sur la fréquentation du site par les internautes américains illustre la trajectoire presque stable puis en déclin de MySpace depuis cinq ans, alors que dans le même temps Facebook, pourtant lancé plus tard, avait une progression fulgurante, le dépassant début 2009. Aujourd'hui MySpace réunit chaque mois quelque 35 millions d'internautes américains, contre plus de 157 millions pour Facebook.

Selon le cabinet eMarketer, MySpace était encore en 2008 le réseau social récoltant le plus de recettes publicitaires (604 millions de dollars), mais il a accusé une chute de plus de 22% dès 2009, alors que dans le même temps Facebook triplait presque ses recettes publicitaires, à plus de 738 millions de dollars.

«Cette année, eMarketer estime que MySpace gagnera juste 183,5 millions de dollars en recettes publicitaires dans le monde», en chute de 36,3% sur un an. «Facebook, par comparaison, gagnera 4,05 milliards de dollars en publicité cette année».

Interrogé lundi à New York lundi sur l'échec de MySpace, un ancien proche collaborateur du PDG fondateur de Facebook Mark Zuckerberg aux débuts du site, Sean Parker, a jugé que l'équipe de direction de MySpace n'avait «pas réussi à faire suffisamment évoluer le produit».

«Cela a été en gros une grosse pile de trucs mal conçus pendant de nombreuses, nombreuses années. A un moment, s'ils s'étaient contentés de copier Facebook rapidement, ils auraient été Facebook», a ajouté M. Parker, dont les propos ont été relatés par le site TechCrunch.

MySpace avait été créé en 2003 par des professionnels du marketing Chris DeWolfe et Tom Anderson, qui avaient été évincés par News Corp. en 2009.