Moral des ménages en berne, net ralentissement de la reprise et rechute interminable des prix des logements: les nuages s'accumulent au-dessus de l'économie américaine, selon trois indicateurs publiés mardi aux États-Unis.

L'indice de confiance des consommateurs américains établi par le Conference Board est retombé en mai à 60,8, son plus bas niveau depuis novembre.

Cette rechute a surpris les analystes, dont la prévision médiane donnait l'indice à 66,3.

Elle a résulté surtout de la dégradation de sa composante mesurant les perspectives des ménages à court terme, celle mesurant leur appréciation de la conjoncture présente étant restée a peu près stable par rapport à avril.

«Les consommateurs sont beaucoup plus inquiets pour la conjoncture des affaires et de l'emploi, ainsi que pour leurs perspectives de revenus» que le mois précédent, écrit le Conference Board dans un communiqué.

«Les inquiétudes relatives à l'inflation, dont l'intensité avait baissé le mois précédent, sont reparties à la hausse», ajoute cet institut de conjoncture privé, quatre jours après la publication de chiffres officiels ayant montré que la consommation des ménages continuait de pâtir de la hausse des prix.

Dans la mesure où environ deux tiers des ménages sont propriétaires de leur habitation, la consommation, moteur traditionnel de la croissance américaine, pourrait de plus être freinée par la rechute des prix du logements, qui affecte directement le patrimoine des Américains, et donc leur propension à consommer.

Selon l'enquête mensuelle Standard and Poor's/Case-Shiller, les prix des logements ont baissé pour le neuvième mois d'affilée aux États-Unis en mars, et plus que prévu.

En données corrigées des variations saisonnières, ils ont reculé de 0,2% par rapport au mois précédent, soit autant qu'en février, indique cette étude.

L'indice S&P/Case-Shiller mesurant les prix des logements dans les 20 plus grandes agglomérations américaines est passé sous le point bas qu'il avait touché en avril 2009 après un peu moins de trois ans de chute ininterrompue.

Le responsable de l'étude écrit dans un communiqué que cela traduit «la confirmation d'une récession à double-creux pour les prix du logement dans la plupart du pays».

L'indice des directeurs d'achat de la région de Chicago publié par l'association professionnelle ISM, a témoigné pour sa part d'un ralentissement de la progression de l'activité économique dans cette zone pour le troisième mois d'affilée en mai.

Il a chuté de 11,0 points par rapport à avril, bien plus que prévu, pour s'établir à 56,6, son niveau le plus faible en un an et demi.

L'indice passe pour refléter généralement assez bien l'état de l'activité dans l'ensemble du pays. Pour l'ISM, le chiffre de mai accroît encore l'idée d'un «affaiblissement de la reprise», après son net ralentissement observé au premier trimestre ou la croissance du PIB américain n'a été que de 1,8% en rythme annualisé.

Pour Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, «il ne faut pas s'attendre à autre chose qu'une croissance médiocre au deuxième trimestre».