Deux associés de Kanesatake, un entrepreneur d'Ottawa et d'autres partenaires gardés secrets d'une coentreprise sautent à pieds joints sur les nouvelles occasions d'affaires qui s'ouvrent à Cuba. Ils s'apprêtent à se lancer dans la construction d'un immense centre de villégiature de 1200 résidences jouxtant deux terrains de golf huppés avec vue sur la mer. Une bagatelle de 410 millions de dollars, au minimum.

Outre le nom de l'entreprise - Standing Feather International - rien dans la décoration des bureaux du centre-ville de Montréal ne saurait révéler les origines autochtones du propriétaire, Vince McComber. D'une pièce à l'autre de ces bureaux, le mobilier, très chargé, est de style français comme on n'en voit presque plus de nos jours.

Contact à Cuba

Comment en vient-on à brasser des affaires au pays de Fidel? M. McComber connaît depuis de nombreuses années un certain Chris Nicolas, qui travaillait déjà là-bas dans les logiciels et qui est désormais le gestionnaire du projet. «Un Cubain lui a demandé s'il ne connaissait pas des gens intéressés à investir dans le golf», explique M. McComber.

«Au début, le projet était modeste, poursuit-il. Il s'agissait simplement de créer une aire où les golfeurs viendraient frapper des balles. Mais ce n'était ni possible près de La Havane, ni près de Varadero, où l'on ne nous permettait pas de construire quoi que ce soit. Finalement, on nous a proposé ce terrain magnifique, le long de la côte.»

Clientèle de touristes ultra fortunés

Cela n'aura rien du classique tout inclus cubain.

L'idée, pour les Cubains comme pour Standing Feather, est d'attirer dans la province d'Holguin une clientèle de touristes ultra fortunés intéressés à revenir fréquemment et à acheter les villas ou bungalows du complexe qui coûteront chacun au moins 500 000$. Le tout, à côté de deux terrains de golf de 18 trous.

Comme le souligne Chris Nicolas, rien de tout cela n'aurait été possible sans ces changements au Code civil cubain qui, en avril 2010, ont permis à des étrangers d'acquérir des terrains.

En juin, Standing Feather International saura si le titre qui lui a été consenti le sera sous forme de bail de 99 ans, ou à perpétuité.

Compliqué de traiter avec un régime qui s'ouvre au monde, mais qui demeure socialiste? «Pas plus compliqué que de devoir faire affaire avec la bureaucratie monstre du gouvernement fédéral ou des gouvernements provinciaux! lance Chris Nicolas. Cuba, c'est pas plus compliqué que Revenu Canada...»

En fait, ce qui complique vraiment les affaires, à Cuba, c'est cet embargo américain qui empêchera l'entreprise canadienne d'importer quoi que ce soit des États-Unis.

Tâche vertigineuse

M. McComber, qui explique avoir entre autres travaillé avant cela dans l'industrie du tabac et comme mécanicien, ne cache pas qu'il a un petit vertige face à l'ampleur de la tâche qui l'attend. «Nous étions une petite entreprise jusqu'ici, et nous travaillons à ce projet depuis tant d'années (il a fallu huit ans de négociations) que j'ai du mal à croire qu'on est rendu là où on est. La tâche est colossale, il nous faudra tout trouver, tout importer de A à Z: les entrepreneurs en construction, les matériaux...»

Standing Feather International, qui compte lancer la construction en 2012, n'est pas la seule entreprise canadienne à chercher à pénétrer le marché cubain, nouvellement ouvert. Leisure Canada, de Vancouver, s'est aussi lancée dans la construction immobilière dans cette île.