La rue Masson pourrait devenir l'an prochain la troisième artère commerciale de Montréal à devenir piétonne pendant l'été, mais seulement les fins de semaine. Mais le maire de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie doit d'abord convaincre les commerçants d'adhérer à son projet. Plusieurs craignent de perdre leurs clients.

Le maire de l'arrondissement, François Croteau, a été élu en 2009 sur la promesse de transformer cette rue commerçante en un vaste trottoir pendant l'été. Mais son projet a été accueilli avec hostilité par les 150 marchands qui tiennent boutique dans le secteur. Plusieurs craignaient que l'interdiction de circuler pour les voitures et les autobus ne repousse leur clientèle.

M. Croteau a donc proposé un compromis, hier. L'an prochain, les voitures seront interdites dans la rue Masson du vendredi au dimanche soir, entre la Fête nationale et la fête du Travail. Les autobus continueront de desservir la rue: ils se fraieront un chemin à travers les piétons grâce à un marquage qui sera fabriqué sur mesure. On tentera de créer plus d'espaces de stationnement autour de la rue Masson, peut-être en érigeant un stationnement étagé. Et pour rendre la formule plus attrayante, l'arrondissement va diminuer les tarifs exigés aux restaurateurs qui déploient des terrasses.

Le maire est convaincu que la mesure va stimuler le commerce.

«Ça va créer un petit buzz autour de la rue Masson, a-t-il indiqué. On revitalise la rue, il y a de plus en plus de nouveaux commerces qui ouvrent, il y a de plus en plus de gens sur la rue. Il y aura une animation culturelle, le transport collectif va continuer à passer, il va certainement y avoir un attrait. Les gens vont vouloir venir.»

Mais plusieurs marchands sont sceptiques. Ils organisent déjà des braderies chaque année rue Masson - ils en tiennent une cette semaine - et ces événements ne se traduisent pas par une hausse importante de l'achalandage. Surtout lorsqu'il pleut.

«S'il fait beau, ça ne change pas grand-chose parce qu'on va avoir un nouveau type de clientèle qui va se déplacer à pied dans la rue Masson, explique Francis Rivard, copropriétaire du restaurant L'Extase. Mais quand il ne fait pas beau, c'est l'enfer.

Les commerçants trancheront

La société de développement commerciale (SDC) Promenade Masson, qui regroupe les commerçants de la rue, s'est farouchement opposé à la piétonnisation dans un premier temps. Son conseil d'administration a donné son accord au projet révisé, hier. Mais ce sont les membres de l'organisme qui scelleront le sort du projet pilote avec un vote en juin.

«C'est aux commerçants de décider», a indiqué Michel Séguin, propriétaire de la boutique Payons comptant et secrétaire du conseil d'administration de la SDC Promenade Masson.

Le conseil d'administration ne recommandera pas à ses membres d'appuyer le projet, ni de le rejeter, a-t-il précisé.

La SDC mène périodiquement des études sur la clientèle de la rue Masson, et les derniers résultats tendent à confirmer les inquiétudes des marchands sur la piétonnisation. La proportion des consommateurs qui vient à pied dans les commerces a chuté de 77% en 2002 à 61% en 2010.