Le niveau d'endettement élevé des économies avancées pourrait nuire à l'économie mondiale de même qu'à celle du Canada, prévient le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney.

Le Canada jouit de solides finances publiques, mais il ne peut pas se soustraire totalement à la dette élevée des États-Unis et d'autres économies avancées, a affirmé le dirigeant de la banque centrale à l'occasion d'une allocution prononcée lundi devant le Cercle canadien d'Ottawa.

Une période d'austérité attend les pays qui doivent améliorer leur bilan, et cela pourrait se traduire par un ralentissement de la croissance et une hausse des taux d'intérêt pour tout le monde, a dit M. Carney, ajoutant que la Chine ferait face à un défi différent, soit ralentir l'inflation.

«Dans ce contexte, la stabilité macroéconomique intérieure est primordiale», a-t-il déclaré.

«Un ajustement budgétaire soutenu est maintenant requis dans la plupart des économies avancées. Le ratio de la dette au PIB (produit intérieur brut) dans les pays du G7 n'a jamais été aussi élevé depuis la Deuxième Guerre mondiale. L'ère d'austérité n'est pas un slogan mais un échéancier», a poursuivi M. Carney.

La question de la dette en Europe, et de plus en plus aux États-Unis, est devenue l'un des défis clés pour l'économie mondiale, tant à long terme qu'à court terme.

La semaine dernière, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a fait part de ses préoccupations à ce sujet à Washington, compte tenu du fait que ce qui se passe au sud de la frontière a un impact direct au Canada, qu'il s'agisse des exportations, des taux d'intérêt ou de la valeur du huard, entre autres choses.

M. Carney a indiqué lundi que l'expérience tendait à montrer que lorsque la dette dépasse 90 % du PIB, la croissance ralentit. Il a ajouté que ce serait le cas pour la plupart des partenaires commerciaux du Canada, en particulier les États-Unis.

Le Canada figure parmi les quelques économies avancées qui ne se retrouvent pas dans cette situation. Cela ne signifie pas qu'il sera épargné par les retombées en provenance des autres pays, a prévenu le dirigeant de la banque centrale.

Par ailleurs, M. Carney a recommandé aux entreprises canadiennes de commencer à tirer avantage des occasions offertes par la forte croissance de marchés émergents tels que la Chine puisque la croissance américaine sera modeste pendant quelque temps.

Le gouverneur n'a enfin donné aucun indice quant à ses projets à long terme relativement aux taux d'intérêt, laissant ainsi croire qu'il n'augmenterait pas le taux directeur de la banque centrale lors de la prochaine réunion visant à établir les taux.