Si vous pensez que les entrepreneurs québécois manquent d'ambition, allez passer une heure avec Martin-Luc Archambault.

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À 30 ans, ce jeune Montréalais devenu millionnaire à 25 ans veut créer le prochain succès à la Facebook. Rien de moins.

«La recherche sociale, c'est là où ça se passe. Et d'ici un an ou deux, on va savoir qui en est le gagnant. La prochaine entreprise à 1 milliard de dollars, le prochain Facebook ou Twitter, il est là. Je ne blague pas.»

Martin-Luc Archambault est à la tête de Wajam, boîte de huit employés qui fait dans la «recherche sociale». De quoi s'agit-il?

«On amène vos amis avec vous partout sur l'internet», résume le patron.

Wajam scrute à la loupe le moindre message généré par vos amis internet, que ceux-ci soient sur Facebook ou Twitter. Puis l'entreprise utilise ce contenu pour vous aider à personnaliser vos sessions de surf sur le web.

Des exemples?

«Moi, je suis un maniaque de Whistler», illustre Martin-Luc Archambault en tapant «Whistler» dans Google. Sans surprise, le moteur de recherche retourne des liens pointant vers la page officielle de la station de ski et sa description dans Wikipédia.

Au-dessus de ces résultats officiels, toutefois, une petite boîte coiffée de l'inscription Wajam retourne des résultats «personnalisés», générés à partir du réseau de contacts de Martin-Luc Archambault.

Ce dernier est ainsi invité à visionner les photos de l'un de ses amis qui a skié à Whistler cet hiver. Un autre contact a commenté un hôtel de l'endroit où il a logé la saison dernière. Un autre encore y recommande un resto de pizza bon marché.

«Ces résultats m'intéressent. Pourquoi? Parce que vos amis savent ce que vous aimez», dit Martin-Luc Archambault.

L'affaire ne fonctionne pas que sur Google. En tant que nouveau papa, Martin-Luc Archambault continue sa démonstration en se rendant sur Amazon pour magasiner un porte-bébé. Le site de commerce en ligne lui propose une cinquantaine de marques différentes. Mais un lien Wajam l'informe que son amie Kim a justement vanté la marque BabyBjörn il y a deux mois dans un message Twitter.

«Elle, je lui fais confiance. Parce que je la connais», dit le jeune entrepreneur.

Wajam est loin d'être la seule entreprise à plancher sur une telle idée. Des moteurs de recherche établis comme Google et Bing, de Microsoft, travaillent aussi à personnaliser leurs résultats à partir du réseau d'amis de leurs utilisateurs.

«La grande différence, c'est qu'on est les seuls à être partout avec vous sur l'internet. Et on ne vous demande pas de changer vos habitudes sur le web. Ça prend 30 secondes pour télécharger Wajam. Après, vous n'avez plus rien à faire», plaide Martin-Luc Archambault.

Au moment du passage de La Presse Affaires, les huit employés s'affairaient à régler les derniers bogues d'une version bêta testée par des internautes volontaires. La première version grand public, qui fonctionnera avec une pléiade de sites, dont Google, Yahoo!, Amazon, Twitter et Facebook, devrait être lancée sous peu.

De retour de Boston, alors qu'il était sur le point de s'envoler vers San Francisco, nous avons attrapé Martin-Luc Archambault en pleine campagne de séduction auprès des grands bonzes de la technologie pour leur vanter Wajam.

«Je suis en discussions avec de grandes entreprises pour qu'ils nous connaissent. Mon but, c'est que Microsoft, Google, Yahoo!, Ask connaissent Wajam et nous suivent. Et que le jour où ils disent»ça marche, cette affaire-là», ils nous achètent», dit M. Archambault.

Le jeune homme sait un peu de quoi il parle. L'ancienne entreprise qu'il a lancée, CDT, a été achetée en 2005 par l'américaine Zango.

Devenu millionnaire à 25 ans, Martin-Luc Archambault a occupé le siège de président de Zango Canada jusqu'en 2008 avant de se relancer en affaires avec ses anciens partenaires.

«À un moment donné, on en a eu assez. On s'est dit: on est des gens d'idées, on veut lancer des projets. Alors, on a pris l'argent et on s'est donné un cadre pour tester des idées et des technologies.»

L'affaire a conduit à la fondation de Bolidea, un accélérateur d'entreprises qui investit dans la croissance de petites boîtes web. Aujourd'hui, une demi-douzaine de petites entreprises en démarrage issues de Bolidea se partagent un grand loft du boulevard Saint-Laurent. Wajam, bébé de Martin-Luc Archambault lancé en 2009, est l'une d'elles.

C'est l'argent de la vente de CDT qui a permis de lancer Wajam. Mais Martin-Luc Archambault ne se fait pas d'illusions sur ses moyens financiers.

«Oui, ça a été assez payant, mais je ne suis pas du tout Bill Gates, lance-t-il. On n'est pas riches. Je ne me paie pas de salaire et les employés qui travaillent ici le font pour le plaisir, parce qu'ils veulent apprendre, parce qu'ils croient au projet et pensent que ça peut devenir «the next big thing». Mais je ne peux aucunement concurrencer CGI ou Ubisoft. On est une startup.»

Le grand défi, pour Wajam, est maintenant de convaincre les internautes de télécharger son produit. Comment s'y prendre?

«Ma dernière entreprise a inventé une barre d'outils qui a été téléchargée 50 millions de fois. Alors, je sais comment faire du marketing», répond Martin-Luc Archambault.

Si les utilisateurs sont au rendez-vous, l'entreprise pourrait choisir de rentabiliser son produit en y plaçant de la publicité, ou encore de chercher du financement supplémentaire pour la pousser plus loin.

«Toutes les options sont sur la table, dit Martin-Luc Archambault. En attendant, mon but, c'est de convaincre les 500 millions d'utilisateurs Facebook d'utiliser Wajam. Il faut que ça dépasse le cadre des utilisateurs précoces pour devenir un produit de masse.»

Fondateur et président Martin-Luc Archambault

Investisseur Bolidea

Le concept en 140 caractères «Où que vous soyez en ligne, Wajam personnalise vos résultats de recherche avec le savoir de vos amis. www.wajam.com» Martin-Luc Archambault

Objectifs d'ici un an Recruter quelques millions d'utilisateurs et s'établir comme «LA» société qui perce le marché de la recherche sociale.