Les chiffres officiels de l'emploi américain attendus pour vendredi pourraient montrer que l'amélioration du marché du travail est en train de marquer un palier aux États-Unis.

Selon la prévision médiane des analystes, le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail publié à 8h30 devrait faire apparaître 185 000 embauches nettes dans le pays en avril, soit 14% de moins qu'en mars.

Plusieurs économistes ont néanmoins indiqué que leur prévision pourrait s'avérer trop haute après la publication, mercredi, de deux indicateurs plutôt décevants.

Après quatre mois de baisse, le taux de chômage, qui était tombé à 8,8% en mars, son plus bas niveau en deux ans, pourrait avoir stagné en avril.

Selon l'enquête mensuelle du cabinet de conseil en ressources humaines ADP publiée mercredi, le secteur privé a créé 179 000 emplois de plus qu'il en a détruit en avril.

Cela traduit une baisse des embauches de 14%, plus forte que ne le pensaient les économistes.

Selon ADP, «la conjoncture du marché du travail a continué de s'améliorer, mais seulement à un rythme modéré», insuffisant pour espérer mieux «qu'une baisse médiocre du taux de chômage».

Bien que moins bons qu'en mars, les résultats de l'enquête ADP sont «grosso modo conformes à un niveau d'embauches privées toujours solide» en avril, note néanmoins Nicholas Tenev, analyste de Barclays Capital.

L'idée d'un palier dans la reprise du marché de l'emploi entamé en février 2010 est renforcée par le résultat des indices ISM (publiés lundi et mercredi) laissant penser que l'économie américaine a encore ralenti en avril, après sa nette décélération du premier trimestre, où la croissance n'a atteint que 1,8%, selon la première estimation officielle du PIB.

Le président de la Fed, Ben Bernanke, a répété il y a une semaine que les États-Unis mettraient des années à retrouver les quelque 8,7 millions d'emplois perdus pendant la crise. Fin mars, le pays n'en avait récupéré officiellement que 1,5 million.

S'il a baissé de 1,0 point depuis la fin novembre, le taux de chômage reste extrêmement élevé pour le pays, ce qui a des conséquences sociales dramatiques.

La proportion des chômeurs de longue durée ne cesse de battre des records. Elle était de 45,5% en mars, contre 26% au maximum pendant la grande crise de 1982-83, de sinistre mémoire aux États-Unis.

Le nombre de personnes, en particulier d'enfants, dépendant de l'aide alimentaire de l'État ne cesse de monter.

Selon une étude publiée lundi par l'Université du New Hampshire, la récession a entraîné une hausse de 48% du nombre de ménages devant faire appel aux programmes d'aide publics pour assurer leurs besoins énergétiques.

Comme l'a reconnu M. Bernanke vendredi, les inégalités, qui s'étaient fortement creusées sous le mandat du président George Bush fils (2001-2009), continuent de s'amplifier avec cette crise de l'emploi qui n'en finit pas.