Se faire acheter par une grosse entreprise: c'est le rêve de la myriade de petites entreprises technos qui grouillent à Montréal. Et c'est ce qui vient d'arriver à Tungle, boîte en démarrage avalée hier par Research in Motion (T.RIM).

Tungle a développé une application qui se synchronise avec des agendas électroniques comme Outlook, Google Calendar, Apple iCal ou Entourage et permet d'organiser des réunions de façon plus efficace. L'application fonctionne même si les utilisateurs se trouvent sur plusieurs fuseaux horaires et travaillent sur des ordinateurs ou des appareils mobiles différents.

L'affaire a éveillé l'attention du géant ontarien et fabricant du Blackberry, RIM, qui a fini par acheter Tungle. Les termes de l'acquisition n'ont pas été dévoilés, RIM se contentant de dire qu'il s'agit d'un investissement «non significatif» pour l'entreprise.

«Nous sommes heureux de voir que l'équipe de Tungle apportera à la plateforme BlackBerry son expertise dans la gestion de calendrier interplateformes basée sur l'informatique en nuage», a écrit RIM hier sur son blogue d'entreprise.

Selon le fondateur de Tungle, Marc Gingras, les 21 employés de l'entreprise montréalaise demeureront au sein de RIM. M. Gingras occupera lui-même un poste de directeur principal.

«On est super excités. C'est une très bonne nouvelle pour toute l'équipe, pour nos investisseurs et pour Montréal», a dit M. Gingras à La Presse Affaires.

Tungle avait été financée par les fonds de capital-risque Commonwealth Capital Ventures, près de Boston, et JLA Ventures, qui possède des bureaux à Toronto et Montréal. Desjardins Capital de risque avait aussi misé sur l'entreprise.

En plus de ses bureaux à Montréal, Tungle possédait une équipe de recherche et développement à Waterloo, en Ontario, la ville où est justement installé RIM.

«Ça fait un bout de temps qu'on est en discussion avec eux pour des raisons stratégiques. On travaille avec tous les systèmes de calendrier et l'un de ceux avec lequel on s'est intégré est le BlackBerry. C'est sous ce rapport qu'on a commencé les discussions», explique M. Gingras.

Marc Gingras, entrepreneur en série, n'en est pas à son premier coup du genre. L'homme a notamment lancé Gytek, boîte qui a fini par être achetée par Entrade, entreprise inscrite à la Bourse de New York. M. Gingras a aussi roulé sa bosse dans l'industrie du capital-risque, notamment au sein de la défunte société gouvernementale Innovatech Montréal.

Une idée qui germe

C'est lors de son travail chez Gytek que Marc Gingras a eu l'idée de ce qui allait devenir Tungle.

«C'est lorsque l'entreprise a commencé à croître que les problèmes ont commencé. Soudainement, quelque chose d'aussi simple que déterminer un moment pour faire une téléconférence est devenu un défi et un obstacle à la productivité», raconte M. Gingras sur le site web de Tungle.

Se doter d'un serveur Microsoft Exchange était trop coûteux pour la petite boîte. De plus, cet outil ne permettait pas d'organiser des réunions avec des gens d'autres entreprises travaillant dans plusieurs fuseaux horaires. Lancé en 2006, Tungle visait à combler ces lacunes - un projet qui se sera avéré payant.