La Réserve fédérale américaine estime que les États-Unis et le monde ont intérêt à ce que le dollar US soit «fort», a déclaré son président, Ben Bernanke, alors que le dollar perd de sa valeur depuis plusieurs mois.

«La Fed pense qu'un dollar fort et stable est dans l'intérêt à la fois de l'Amérique et de celui de l'économie mondiale», a déclaré M. Bernanke lors d'une conférence de presse à Washington.

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Le secrétaire au Trésor des États-Unis, Timothy Geithner, avait affirmé la veille que son pays n'adopterait «jamais la stratégie d'essayer d'affaiblir» le dollar.

«Notre politique a été et sera toujours, tant que je serai en fonction, qu'un dollar fort est dans l'intérêt du pays», avait-il dit.

Depuis le début de l'année, le dollar a perdu 6,5% par rapport à un panier de monnaie des principaux partenaires commerciaux des États-Unis.

M. Geithner avait attribué la glissade du dollar à une conjoncture économique mondiale favorable aux autres monnaies.

La Fed a été accusée par plusieurs pays européens et émergents de chercher à affaiblir le dollar en faisant tourner la planche à billets afin de procurer un avantage compétitif aux exportations américaines pour tenter de stimuler la reprise de l'économie américaine.

M. Bernanke a toujours réfuté ces accusations.

Les États-Unis doivent s'attaquer à leur dette

Ben Bernanke a par ailleurs jugé capital que les États-Unis s'attaquent au problème de leur dette, estimant que le niveau d'endettement du pays était le défi «le plus important» pour l'économie du pays à long terme.

La question de la dette «est le problème économique le plus important auquel font face les Etats-Unis, au moins à long terme», a déclaré M. Bernanke.

Interrogé sur le fait que les États-Unis pourraient voir leur cote de solvabilité abaissée, M. Bernanke a estimé que ça n'était pas vraiment une nouveauté dans la mesure ou «tout le monde sait que les États-Unis ont un problème de budget très grave».

Le chef de la Fed répondait à une question sur la décision annoncée le 18 avril par l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's (S&P), qui a, pour la première fois de son histoire, abaissé à «négative» la perspective d'évolution de la note de la dette américaine, doutant de la capacité de la classe politique à s'attaquer au déficit budgétaire du pays.

Les États-Unis bénéficient actuellement de la meilleure cote de solvabilité possible (AAA).

M. Bernanke a estimé que cet avertissement pourrait être «constructif» s'il poussait effectivement les élus et le gouvernement américains à agir pour résoudre le problème de la montée de la dette.

Vers une politique monétaire «normale»

M. Bernanke, s'est aussi déclaré «certain» de pouvoir revenir dans de bonnes conditions à une politique monétaire normale, à un moment qu'il n'a pas précisé.

Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) reste «certain d'avoir les instruments dont il a besoin» pour reprendre les milliers de milliards de dollars que la banque centrale a injectés dans le circuit financier afin d'aider l'économie américaine à passer la crise, a dit M. Bernanke lors d'une conférence de presse à Washington.

Le FOMC a annoncé mercredi que la Fed allait continuer son programme de rachats de bons du Trésor d'un montant de 600 milliards de dollars prévus pour courir jusqu'à la fin juin.

M. Bernanke a précisé qu'au-delà du 30 juin, la Fed prévoyait de maintenir encore un certain temps à l'étale le montant des liquidités injectées dans l'économie en utilisant l'argent récupéré de titres financiers arrivés à échéance pour racheter des obligations du Trésor pour un même montant.

«Nous ne savons pas avec certitude» à quel moment il sera opportun de commencer à envisager un resserrement de politique monétaire, a-t-il dit.