Rio Tinto Alcan (RTP) cherchait il y a peu à agrandir son siège social montréalais, mais voilà que le groupe veut maintenant réduire de 100 000 pieds carrés la superficie de ses bureaux du centre-ville.

Le fabricant d'aluminium étudie toutes les options : rénover ses locaux existants ou encore vendre la « Maison Alcan » et emménager dans un gratte-ciel tout neuf. « On est en train de tester le marché, d'évaluer l'intérêt qu'il y aura pour l'édifice dans la possibilité d'une vente, a indiqué le porte-parole de Rio Tinto Alcan (RTA), Bryan Tucker. On regarde aussi les options à Montréal, dans de nouveaux édifices. »

Le siège social a été mis en vente par la firme Cushman Wakefield, rapporte Les Affaires, ce que le directeur régional de l'agence immobilière, Louis Burgos, nous a confirmé. Aucune décision n'est cependant prise quant à l'avenir du bâtiment situé à l'angle des rues Sherbrooke Ouest et Drummond. RTA pourrait choisir d'y rester si les offres reçues ne sont pas intéressantes.

Des questions

Reste que la vente possible de la Maison Alcan soulève plusieurs questions quant aux ententes signées en 2007 avec le gouvernement du Québec, quand Rio Tinto a racheté le fabricant d'aluminium.

À l'époque, le géant anglo-australien s'était engagé à investir entre 50 et 60 millions de dollars pour agrandir le siège social de sa nouvelle division aluminium, à Montréal. Le discours a aujourd'hui changé : RTA ne cherche plus à agrandir, mais bien à diminuer - de 300 000 à 200 000 pieds carrés - la superficie de ses bureaux.

Bryan Tucker affirme que le groupe ne cherche pas pour autant à réduire ses activités en sol montréalais. L'objectif serait plutôt de trouver des locaux plus ergonomiques. « Ce qu'on veut faire, c'est d'améliorer l'efficacité, d'avoir une utilisation de l'espace plus efficace. Parce qu'ici, à la Maison Alcan, on trouve beaucoup de longs corridors, des choses qui ne sont pas nécessairement configurées de façon efficace. »

Le porte-parole affirme en outre que RTA respectera son engagement d'investir « autour de 50 millions » à son siège social, même si elle devient locataire d'une tour du centre-ville. Comment dépensera-t-elle l'argent si les bureaux ne lui appartiennent pas? Impossible d'obtenir une réponse. « Je ne peux pas vous parler des détails », a-t-il dit.

Rien n'oblige RTA à être propriétaire de ses locaux en vertu de l'entente de continuité de 2007. « La seule chose qui compte, c'est qu'ils fassent les investissements prévus de 50 à 60 millions, et s'ils sont locataires, cette somme peut être dépensée dans l'aménagement et la conception des locaux », a indiqué Nancy-Sonia Trudelle, porte-parole du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation.

Moins d'employés

Le siège social montréalais emploie aujourd'hui 700 personnes, contre 860 quand la transaction avec Rio Tinto a été conclue en 2007. Plusieurs licenciements ont été faits dans tout le groupe en 2009, lorsque les cours de l'aluminium se sont mis à piquer du nez.

Bryan Tucker soutient qu'aucune nouvelle mise à pied n'est prévue au siège social montréalais. Aucun plancher d'emploi n'a toutefois été convenu entre Rio Tinto et le gouvernement du Québec à la signature de la « convention de continuité » de 2007, a-t-il reconnu.

Cette convention contenait une liste d'exigences de Québec - dont le maintien du siège social de RTA à Montréal et l'investissement de 2,1 milliards au Saguenay - ainsi qu'un engagement d'Hydro-Québec à respecter ses contrats de fourniture d'électricité à bas prix avec Alcan.

Rumeurs et spéculations

Le possible déménagement de RTA dans une nouvelle tour attise toutes sortes de rumeurs depuis des semaines dans le milieu de l'immobilier montréalais.

RTA songe à s'installer dans un nouveau gratte-ciel écolo certifié LEED, et plusieurs promoteurs - Canderel, Westcliff, Cadillac Fairview, la SITQ et Kevric - ont ces jours-ci des projets sur la planche à dessin. Des discussions ont lieu entre RTA et plusieurs d'entre eux, mais tous sont liés par des ententes de confidentialité.

Rio Tinto va annoncer sa décision finale d'ici la fin de l'année, a dit Bryan Tucker.