La nette accélération des prix à la consommation observée depuis quatre mois aux États-Unis entame sérieusement le pouvoir d'achat des Américains, à qui le gouvernement promet désormais des hausses d'impôts à terme.

Le département du Travail a annoncé vendredi que la hausse des prix à la consommation avait été de 0,5% sur un mois en mars, soit autant qu'en février, où elle avait atteint son niveau le plus élevé depuis septembre 2008.

Conséquence pour les salariés: leur pouvoir d'achat a reculé d'autant puisque les salaires stagnent. Sa dernière progression, très légère, remonte au mois d'octobre.

Selon le ministère, les prix de l'essence et de l'alimentation «ont contribué à eux seuls à près des trois quarts de la hausse» des prix.

En glissement annuel, l'indice des prix à la consommation, dont la hausse n'était encore que de 1,1% en novembre, a progressé de 2,7% en mars. C'est sa hausse la plus forte depuis décembre 2009.

À 1,2%, l'inflation de base (hors alimentation et énergie) est à son plus haut niveau depuis février 2010.

La hausse de l'indice général des prix est désormais bien supérieure à ce que la banque centrale américaine (Fed) juge souhaitable (2,0% au plus).

Celle-ci estime néanmoins que les effets de la récente flambée des cours du pétrole sur les prix aux États-Unis seront «passagers» et répète à l'envi que l'inflation de base reste contenue.

Affairée à soutenir la reprise autant qu'elle le peut, la Fed n'a pas l'intention pour l'instant de prendre de mesures susceptibles d'enrayer l'inflation, mais pourrait se trouver bientôt contrainte de resserrer le robinet du crédit afin de garder le contrôle des prix.

À l'extrême elle pourrait avoir à trancher un dilemme cornélien: se résigner à une croissance molle, alors que le chômage reste très élevé malgré sa baisse récente, ou accepter de laisser filer l'inflation.

Quoi qu'en disent les théoriciens, les Américains ressentent durement les effets de la hausse du coût de la vie, et cela se voit dans les dépenses de consommation, le moteur traditionnel de l'économie américaine.

Au pays de l'automobile reine, le prix de l'essence a plus que doublé en deux ans. La presse américaine s'est émue ces jours-ci de ce que le gallon (3,8 litres) puisse être en passe d'être vendu à cinq dollars sous peu.

«Qu'on ne dise pas à l'homme de la rue que l'inflation est contenue», écrit Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors dans une note.

Ceux pour qui seule l'inflation de base compte «oublient une vérité simple: les gens achètent de la nourriture et de l'énergie, et ce sont les dépenses de consommation qui tirent l'économie», ajoute-t-il.

Au vu des derniers indicateurs publiés, nombre d'économistes estiment que la croissance du PIB américain n'a été que de 1,5 à 2% de janvier à mars, contre 3,1% au dernier trimestre de 2010.

À terme, les perspectives des ménages pourraient être assombries du fait que le gouvernement a reconnu pour la première fois cette semaine que la lutte contre le déficit budgétaire imposerait d'augmenter les impôts d'une grande partie de la population.

Pour Theresa Chen, de Barclays Capital, la légère remontée de l'indice de confiance des consommateurs publié vendredi par l'Université du Michigan laisse néanmoins penser que les ménages perçoivent effectivement la poussée d'inflation actuelle comme temporaire.

Quant aux hausses d'impôts, il y a peu de chance qu'elles soient votées avant la présidentielle de novembre 2012.