Les joueurs du Tricolore sont les plus imposés de la LNH. Mais le taux d'imposition québécois de 48,2% n'empêche pas le Canadien de Montréal d'attirer des joueurs autonomes, selon l'ancien capitaine du Tricolore Vincent Damphousse. «C'est un mythe», dit-il.

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«Les impôts, ce n'est pas un critère important. T'es bien mieux de rester dans une équipe où ça va bien et payer plus d'impôts que d'aller dans une équipe où tu ne joues pas et payer moins d'impôts. Le premier critère pour un joueur autonome, c'est la rémunération selon le marché. Ensuite, il y a les enjeux familiaux, les enfants, l'école. La langue peut jouer dans certains cas. Pour les joueurs-vedettes, le taux d'imposition n'est même pas dans les critères de décision», dit Vincent Damphousse, qui a joué 18 saisons dans la LNH à Montréal, Toronto, Edmonton et San Jose.

> Deux tableaux: impôts de la LNH et des joueurs du Tricolore

L'ancien capitaine du Canadien a terminé sa carrière de hockeyeur sous le soleil de la Californie, où le taux d'imposition est le troisième en importance dans la LNH après Montréal et New York. «Ça revenait pas mal proche des taux au Québec», fait-il remarquer.

Les Panthers de la Floride, le Lightning de Tampa Bay et les Stars de Dallas sont les équipes de la LNH qui ont le taux d'imposition le plus bas de la LNH: 35% d'impôt fédéral et aucun impôt d'État. «Vincent Lecavalier n'est pas pressé de revenir au Québec», souligne le fiscaliste Éric Labelle, associé au cabinet Raymond Chabot Grant Thornton. Le joueur de centre du Lightning touchera en effet un salaire annuel de 10 millions US (avant impôts) jusqu'à la fin de la saison 2015-2016.

Peu de déductions au Canada

Les Flames de Calgary et les Oilers d'Edmonton sont parmi les six équipes de la LNH avec le plus faible taux d'imposition. Mais à taux égal, le fisc canadien est beaucoup moins généreux envers les athlètes professionnels. «Au Canada, les joueurs professionnels n'ont pratiquement droit à aucune déduction», dit un agent de joueurs québécois de la LNH sous le couvert de l'anonymat.

Aux États-Unis, l'Internal Revenue Service est plus permissif. Les frais d'agent, qui constituent de 3% à 6% du salaire du joueur, sont déductibles. La cotisation à l'Association des joueurs de la LNH aussi. Comme tous les contribuables, les athlètes professionnels peuvent déduire les intérêts sur leur hypothèque. «Il y a aussi les frais d'entraînement, l'abonnement au gym, les frais de location de glace, la physio, les massages, les suppléments alimentaires, les frais de déplacement en voiture, même l'abonnement à Center Ice (NHL Network). Finalement, c'est un peu comme un travailleur autonome au Canada», dit le même agent de joueurs.

Les joueurs québécois évoluant aux États-Unis conservent ainsi précieusement leurs reçus. «Tu envoies tes factures dans une boîte de souliers à ton comptable par Fedex et il te renvoie un gros cartable à remplir», raconte Joël Bouchard, qui a joué huit saisons dans la LNH avant d'analyser les matchs de hockey à RDS.

La grande majorité des joueurs apposent simplement leur signature au bas de la déclaration préparée par leur comptable. Vincent Damphousse était l'un des rares joueurs à éplucher chaque ligne de sa déclaration de revenus. «Je regardais mon rapport d'impôt ligne par ligne avec mon comptable. Ça m'intéressait beaucoup», indique l'ancien hockeyeur devenu homme d'affaires et actionnaire de Scandinave Spa, qui opère quatre spas au Canada.

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Où paient-ils leurs impôts?

Joueurs québécois évoluant aux États-Unis:

> Impôt fédéral aux États-Unis

> Impôt dans l'État de leur équipe de hockey

> Aucun impôt au Québec (s'ils ont rompu leurs liens, ils ne sont pas résidants québécois pour fins fiscales)

Joueurs du Canadien de Montréal:

Tous les Canadiens et Européens; Américains séjournant plus de 183 jours par année au Canada

> Impôt fédéral au Canada

> Impôt dans la province de résidence

> Crédit d'impôt étranger pour les sommes prélevées par les États américains

Américains séjournant moins de 183 jours par année au Canada et désignés comme résidants américains

> Impôts fédéraux et provinciaux au prorata du séjour au Canada

> Impôts aux États-Unis au prorata du séjour aux États-Unis