Le huard s'est envolé hier à un sommet de plus de trois ans par rapport au dollar américain au moment où les actions faisaient des gains sur les places boursières dans le monde, les investisseurs y allant de conjectures quant à une augmentation de l'inflation et à une accélération de la croissance économique.

Ainsi, le dollar canadien s'est apprécié hier pour la septième fois au cours des huit derniers jours dans un contexte d'une plus forte demande de devises à haut rendement. De plus, le prix de l'or s'est hissé à un niveau record, les pressions inflationnistes stimulant la demande du métal jaune, et le pétrole dépassait les 109$US le baril.

Le dollar américain s'est déprécié par rapport à la plupart des autres grandes devises tandis que l'on prévoit que la Banque centrale européenne majorera son taux directeur de 25 points de base, à 1,25%, aujourd'hui.

«C'est un feu vert pour renouer avec le risque et cela affecte les devises sensibles à la croissance économique comme le dollar canadien», explique Dean Popplewell, analyste de la firme Oanda Corp., société torontoise de négociations de devises en ligne.

Le huard s'est apprécié de 37 cents US à 104,12 cents au dollar américain hier à Toronto, comparativement à 96,38 cents US mardi. Dans la journée d'hier, il a atteint 95,69 cents US, un sommet depuis novembre 2007. Un dollar canadien achetait hier 1,0430$US.

Le dollar a atteint son plus fort niveau depuis qu'on l'a laissé flotter pour la première fois en 1950, soit 90,58 cents US le 7 novembre 2007 au moment où l'effondrement du marché américain des prêts hypothécaires à risque a fait vaciller les marchés financiers et affaibli le dollar américain.

«La vigueur du dollar canadien a plus à voir avec la faiblesse du dollar américain», soutient Shane Enright, directeur torontois de la division Marchés mondiaux de la Banque CIBC. «C'est également une affaire de différences dans les taux d'intérêt, ajoute-t-il, ce qui ajoute de la pression sur le dollar américain.»

La Banque du Canada, qui doit se réunir le 12 avril prochain, a laissé son taux directeur inchangé à 1% depuis septembre denier après l'avoir majoré trois fois l'an dernier. Les décideurs de la Banque ont répété le 1er mars dernier qu'il demeure «des faiblesses considérables» dans l'économie, ajoutant que les exportateurs font face à des «défis de taille» en raison de la vigueur du dollar canadien.

«L'appréciation du dollar canadien est une autre forme de resserrement monétaire, dit M. Popplewell. La Banque du Canada, tout comme les autres banques centrales, comprend les pressions inflationnistes et s'en inquiète.»

Les négociateurs attendent avec intérêt le rapport, demain, sur la situation de l'emploi au Canada. On prévoit que Statistique Canada indiquera que l'économie a ajouté environ 30 000 emplois en mars et cette donnée pourrait renforcer le huard encore davantage.