Les chiffres officiels de l'emploi publiés vendredi aux États-Unis ont rassuré sur l'état de l'économie américaine en témoignant d'embauches robustes et d'une baisse du chômage pour le quatrième mois d'affilée en mars.

Le taux de chômage a reculé de 0,1 point par rapport à février, pour s'établir à 8,8%, son plus bas niveau depuis mars 2009, indique le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail.

Les analystes, qui tablaient dans l'ensemble sur une stabilité du chômage à 8,9%, ont été surpris. Depuis la fin de novembre, le taux de chômage officiel des États-Unis a reculé de 1,0 point.

La baisse de mars a été permise par des embauches très dynamiques.

Selon les chiffres officiels, l'économie américaine a créé 216 000 emplois en mars, soit 11% de plus qu'en février. C'est là encore mieux que ne le pensaient les analystes.

Les dirigeants de la banque centrale (Fed) estiment d'une manière générale que 150 000 nouveaux emplois sont nécessaires chaque mois pour absorber l'arrivée des jeunes gens sur le marché du travail.

Compte tenu des effets de la récession de 2007-2009 sur l'emploi, les États-Unis ont besoin d'embauches bien supérieures à ce seuil théorique pour faire baisser le chômage.

Depuis le début de la reprise de l'emploi, il y a un an, le pays n'a regagné officiellement que 1,5 million de postes sur les quelque 8,7 millions qui ont été perdus pendant la crise.

Pour Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE, les chiffres du ministère sont «globalement extrêmement encourageants, et cela va continuer à mesure que la reprise des petites entreprises gagnera de l'élan».

«Le rapport sur l'emploi de mars est probablement le meilleur que l'on ait vu depuis quatre ans, c'est-à-dire depuis l'apparition des premiers signes de la récession qui allait arriver», estime Harm Bandholz, économiste de la banque italienne Unicredit.

«Le rapport est très positif, surtout après la série d'indicateurs plutôt en demi-teinte publiés en mars», note Inna Mufteeva, de la banque française Natixis.

Cette série semble se poursuivre. L'indice ISM publié vendredi a témoigné du dynamisme du secteur manufacturier en mars, tandis que le département du Commerce annonçait une chute des dépenses de construction en février, à leur plus bas niveau en onze ans.

Le rapport sur l'emploi montre que les embauches sont restées très solides en mars dans le privé, et que les suppressions de postes dans le secteur public - soumis à de grosses contraintes budgétaires - ont nettement ralenti.

Il indique néanmoins que les nombreux chômeurs découragés ou qui restent sur la touche pour diverses raisons ne se sont pas vraiment mis à rechercher un emploi.

C'est assez conforme à la forte baisse du moral des ménages mesurée en mars.

En ce qui concerne les rémunérations, les données du rapport sur l'emploi ne sont guère encourageantes puisque le salaire hebdomadaire n'a pu augmenter (faiblement) que grâce à une légère hausse des heures travaillées ayant permis de compenser une baisse de 0,1% du salaire horaire moyen.

Du fait de l'inflation, le salaire hebdomadaire réel moyen des Américains recule depuis plusieurs mois.

Quoi qu'il en soit, estime Nigel Gault, économiste d'IHS Global Insight, la nette amélioration du marché du travail laisse penser «que l'économie dispose d'un bon élan qui va lui permettre d'absorber le double choc provoqué par la situation au Moyen-Orient et au Japon sans trop de dégâts pour la croissance».