Un tout-compris de trois mois dans la Mecque mondiale de la technologie: c'est ce qu'a remporté hier la petite boîte montréalaise context.io, l'une des trois entreprises en démarrage du pays à avoir été sélectionnées pour faire un stage dans la Silicon Valley, en Californie.

> Suivez Philippe Mercure sur Twitter

«Wow! C'est complètement inattendu. Et j'attends un enfant en septembre... Les prochains mois vont être vraiment occupés!» a lancé Bruno Morency, 33 ans, fondateur et président de cette petite entreprise autrefois connue sous le nom de Dokdok.

Ce «tout-compris technologique» sous le soleil californien est offert par CIX (pour Canadian Innovation Exchange), conférence destinée aux entrepreneurs technos canadiens. Deux entreprises ontariennes, Fused Powered et gShift Labs, ont aussi été choisies parmi les 56 participants. Les trois entreprises gagnantes passeront trois mois dans l'incubateur technologique du Plug and Play Tech Center de Sunnyvale, en Californie.

«Allez vous imbiber du feeling et de l'énergie de la Vallée!» a lancé Chris Arsenault, associé principal du fonds de capital-risque québécois iNovia et membre du conseil d'administration de CIX.

Tisser des liens

Le but du programme est de permettre aux entreprises d'ici d'aller tisser des liens avec Google, Apple et les autres géants technologiques de la Silicon Valley et de se frotter aux investisseurs qui y pullulent. Il est offert en collaboration avec Affaires étrangères et commerce international Canada et le consulat général canadien à San Francisco.

«Pour nous, Silicon Valley, c'est le centre du monde», s'est réjoui Bruno Morency, qui compte profiter de l'expérience pour tisser des liens avec d'importants clients potentiels et faire le plein de conseils.

La boîte de trois employés a inventé une technologie qui permet d'extraire la mine d'informations - adresses, documents, historique de communication - qui se trouvent dans les boîtes courriel et de les transférer dans d'autres logiciels. Marché visé: les développeurs de logiciels qui aident les entreprises à gérer les relations avec leurs clients.

Lancée au printemps 2009, la boîte bénéficie du soutien de Real Ventures, fonds de capital-risque québécois.

Faire connaître Montréal

L'annonce a été faite hier dans le cadre de l'événement Accelerate Montreal, qui veut propulser les entreprises en démarrage de la métropole à une vitesse supérieure. L'affaire est organisée par le C-100, organisation lancée par des Canadiens installés dans la Silicon Valley qui veut aider les entrepreneurs canadiens à tisser des liens avec la Californie.

«J'ai regardé partout au Canada et je crois qu'à Montréal, vous avez la communauté d'entrepreneurs technos la plus dynamique au Canada», a lancé Anthony Lee, cofondateur du C-100.

Comment faire de ce nouveau dynamisme une véritable force? «Engagez-vous à long terme. Si vous avez du succès, ne vous sauvez pas avec l'argent et restez impliqués. Si vous échouez, continuez et essayez encore - ça fait partie de la vie d'un entrepreneur», a répondu Brad Felt, entrepreneur en série maintenant installé au Colorado.

La vedette de l'événement était sans doute Dave McLure, autre entrepreneur en série aujourd'hui financier et ancien de la «PayPal mafia» - le nom donné à ceux qui ont occupé des postes de haut niveau chez PayPal avant d'en sortir pour lancer des entreprises.

Dans un style unique - l'homme hurlait carrément par moments et a fait un usage abondant du mot anglais qui commence par la lettre «f» et finit par «ck» - il a aussi incité Montréal à prendre sa place sur la scène techno.

«Nous vivons la renaissance italienne de l'entrepreneuriat techno, a-t-il clamé. N'aillez pas de complexes par rapport à Silicon Valley - ces gens ne sont pas plus intelligents que vous. Kill it!»