Maintenant que ses débuts difficiles sont derrière lui, le fournisseur sans fil Public Mobile lance une double offensive contre Bell et les autres géants établis.

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La jeune entreprise a annoncé hier un forfait vocal illimité à 15$ par mois. Avec ce tarif, Public Mobile espère attirer les 4 millions de Canadiens qui optent aujourd'hui pour les services prépayés de la concurrence, en plus d'inciter les abonnés de la téléphonie résidentielle à abandonner leur ligne.

« On pense que plusieurs se diront que ça ne vaut plus la peine d'avoir un téléphone à la maison, et on pense que ça va faire très mal à Bell «, a dit à La Presse Affaires Alek Krstajic, chef de la direction.

Public Mobile est l'une des quatre sociétés à avoir lancé un service au pays à la suite de l'enchère de fréquences sans fil tenue en 2008 par Industrie Canada. Vidéotron, notamment, a investi 1 milliard pour bâtir un nouveau réseau dans tout le Québec.

À l'opposé de Vidéotron, Bell, TELUS et Rogers, Public Mobile n'a toutefois jamais ambitionné d'offrir des services « évolués « à ses clients. Le groupe ne propose ni BlackBerry, ni iPhone, ni forfait de navigation internet. Son but est simple: être le roi des bas prix.

Selon Alek Krstajic, le nouveau forfait illimité à 15$ saura convaincre les consommateurs à la recherche d'aubaines. À l'heure actuelle, dit-il, ceux qui ont un cellulaire prépayé obtiennent environ 50 minutes de temps d'antenne pour le même prix.

Problèmes techniques

Troy Crandall, analyste en télécommunications à la firme montréalaise MacDougall, MacDougall & MacTier, croit aux chances de succès de Public Mobile... pourvu que la qualité du service soit au rendez-vous. À son lancement à Montréal en juin dernier, le fournisseur a reçu plusieurs plaintes de clients insatisfaits.

« Ils ont des prix attrayants, mais une des choses importantes, c'est d'avoir un réseau fiable, a souligné M. Crandall. Plusieurs problèmes ont été signalés par rapport à leur réseau, qui n'était pas aussi bon qu'il aurait dû l'être au moment du lancement. Cela dit, ils ont fait beaucoup de travail pour combler les trous dans la couverture. «

Public Mobile a fait des sceptiques dès 2008 en achetant auprès d'Industrie Canada un bloc de fréquences jugé peu désirable. Le spectre du « bloc G « n'avait jamais été utilisé pour la téléphonie cellulaire, ce qui explique le faible coût payé par l'entreprise pour ses licences (52 millions). En comparaison, Vidéotron a allongé 555 millions seulement pour acquérir ses fréquences.

L'entreprise a depuis lancé son service dans le Grand Toronto, à Ottawa et dans la région métropolitaine de Montréal. Et elle espère pouvoir l'offrir dans tout le couloir Windsor-Québec, un territoire qui regroupe 19 millions de clients potentiels.

Comment se déroulent les débuts de l'entreprise? Comme Public Mobile n'est pas cotée en Bourse, Alek Krstajic refuse de dévoiler le nombre de clients acquis jusqu'à maintenant. « Les choses se passent bien, on a eu de bons commentaires de nos clients «, s'est-il contenté de dire.

Les sommes investies dans Public Mobile depuis 2008 oscillent entre 200 et 300 millions, a indiqué M. Krstajic sans donner le chiffre précis.

Hier matin, en conférence de presse, il a dit s'attendre à ce qu'un des nouveaux fournisseurs sans fil - Mobilicity ou Wind Mobile - manque de liquidités d'ici la fin de l'année. Le dirigeant aimerait mettre la main sur l'une de ces sociétés.