Quand on a le monopole sportif au petit écran, on hérite aussi forcément du monopole de la critique. Des studios vieillots au travail de ses analystes en ondes, celles envers RDS ne manquent pas.

«Les gens ne reconnaissent pas la qualité de ce qu'on donne, mais ils sont vites pour swinger la critique. J'accepte la critique, même si parfois, c'est dur», dit Gerry Frappier, président de RDS.

Oui, le grand patron RDS entend chaque semaine des doléances à l'égard de son employé le plus critiqué, l'analyste des matchs du Canadien Benoit Brunet. «On est très conscient de ces critiques, Benoit aussi, dit Gerry Frappier. C'est difficile quand tu es étiqueté dès le départ. On est omniprésent et seul, alors on attire toute la critique. Benoit s'est beaucoup amélioré mais on ne lui reconnaît pas cette amélioration. Au hockey, on a un alignement écoeurant, mais on s'acharne sur Benoit.»

S'il défend corps et âme l'ancien joueur du Canadien, Gerry Frappier est moins catégorique envers Claude Mailhot et Alain Goldberg, qui ont tenu des propos controversés l'an dernier aux Jeux olympiques de Vancouver sur le patineur artistique Johnny Weir. «J'étais outré par les propos, et je n'étais pas satisfait de leurs excuses, dit Gerry Frappier. On s'est fait varloper et on le méritait. On a fait un travail colossal, les cotes d'écoute ont été fantastiques, mais tout ce que les gens ont retenu, c'est l'incident de Claude Mailhot et Alain Goldberg avec le patineur artistique Johnny Weir. C'était une gaffe importante, mais c'était 40 secondes en direct sur 400 heures de diffusion. C'était un malheureux incident, mais on fait du live, ça va arriver qu'on s'échappe.»

Une critique qu'il digère moins? Que RDS diffuse trop d'événements sportifs en studio au lieu d'être sur place. «Ma philosophie, c'est de donner le maximum à l'écran, de le faire dans notre langue et au pire, de faire un compromis dans la production, dit Gerry Frappier. Le pire compromis, c'est de ne pas diffuser un événement sportif en français. En séries éliminatoires, on présente parfois du hockey de 19 h à 2 h du matin. On ne veut pas envoyer trois ou quatre équipes pour diffuser des matchs à 60 000 $ la production sans se casser la gueule financièrement.»

En septembre, RDS fera passer sa superficie de tournage d'environ 2000 à 7000 pieds carrés en aménageant des nouveaux studios et en agrandissant ses studios actuels. Avec des décors améliorés, promet Gerry Frappier, bien conscient des critiques qui surnomment sa chaîne le «Réseau du studio». «On va avoir les outils de leader qu'on méritait et dont on a besoin à cause de la concurrence, dit-il. Veut, veut pas, le besoin était moins criant à RDS qu'à TSN, en guerre contre Rogers Sportsnet et comparée aux réseaux américains.»