Chaque matin, Andrée-Anne Roberge est encore un peu endormie quand elle accomplit sa première tâche de la journée: consulter ses offres de coupons-rabais sur son ordinateur. «Parfois, je n'attends même pas que mon café soit prêt!», dit-elle.

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La directrice de production télé a acheté son premier coupon-rabais sur le web à l'aide d'un code de promotion il y a deux ans. Elle voulait une nouvelle robe. Aujourd'hui, elle achète des coupons-rabais chaque mois sur une demi-douzaine de sites web, notamment son préféré Tuango. «Je veux en avoir plus pour mon argent, dit la Montréalaise de 27 ans. Au début, j'étais hésitante et j'ai vite été rassurée. Je m'en sers beaucoup pour faire des cadeaux. Les gens sont contents et surpris parce que c'est un cadeau spontané.»

Tyler Andrews, un fonctionnaire fédéral qui vit à Ottawa, a découvert les coupons-rabais du web seulement l'automne dernier. Il s'en sert pour renouveler sa garde-robe, aller au resto ou faire des activités aussi loin qu'en Australie. «Lors de mes dernières vacances en Australie, j'ai trouvé un tour de bateau à moitié prix sur le web, dit-il. Vous pouvez faire autant de choses, mais pour moins cher.»

Sur Groupon, le fonctionnaire fédéral aime envoyer les offres du jour à ses amis pour collectionner des points échangeables contre d'autres rabais. «J'ai payé un coupon rabais de 50$ chez American Apparel seulement 15$ à cause de ça», dit Tyler Andrews, qui reconnaît toutefois les limites des coupons-rabais sur le web. «Au resto, vous ne sauvez pas tant que ça», dit-il.

Véronique Bergeron, elle, a immédiatement été séduite par les sites de coupons-rabais Tuango et ILoveMtl. Après quelques semaines, elle a déchanté. «J'ai beaucoup dépensé d'un coup, dit la recherchiste télé de 27 ans qui vit à Montréal. Je trouvais ça alléchant car c'étaient des choses que j'utilisais de toute façon. Mais c'est trop facile d'avoir une offre alléchante tous les matins. Je suis habituellement une consommatrice assez raisonnable, mais j'ai maintenant peur que certains coupons restent dans mon portefeuille. Je cherche des occasions pour les utiliser. Je n'ai pas l'impression d'avoir fait des affaires en or.»

Si elle a bien apprécié son séjour au spa du Reine-Élizabeth - une facture de 75$ au lieu des 200$ exigés habituellement -, Véronique Bergeron ne sait pas quand elle pourra utiliser un coupon-rabais de yoga. «Les commerçants sont parfois submergés, dit-elle. J'ai acheté des cours de yoga pour février, mais on m'a dit de réessayer en avril parce que c'était plein. Ils ne disent pas que le coupon n'est pas bon, mais revenez plus tard.»

Le professeur de marketing Jean-François Ouellet reçoit lui aussi des offres quotidiennes de sites comme Tuango, mais il n'a jamais acheté un de leurs coupons-rabais. «Rien de ce qu'on m'envoie ne me convient, dit le professeur à HEC Montréal. Une fois, j'ai reçu une offre pour un de mes restos préférés, mais je vais là-bas tellement souvent que je me serais senti mal de payer avec un coupon-rabais...»

«Les sites ne sont pas bien faits, dit Jean-François Ouellet. Le concept a beaucoup de potentiel, mais les sites ne ciblent pas assez efficacement leurs clients. Ce n'est pas personnalisé comme Amazon, où il y a deux chances sur trois qu'une de leurs suggestions m'intéresse.»

Les commerçants québécois qui utilisent les sites web de coupons-rabais sont plus enthousiastes. La station Ski Chantecler a aimé sa première expérience avec Tuango et compte recommencer la saison prochaine. «On voulait surtout se faire connaître, dit le directeur général Benoit Labelle. Nous sommes une station de ski dans les Laurentides qui est située plus loin que St-Sauveur, Avila et le Mont-Gabriel. Pour nous, Groupon a été un bon moyen de se faire connaître. Ça vaut ce que ça vaut, mais notre préposée à l'entrée a vu beaucoup de nouveaux visages les jours où les coupons-rabais pouvaient être utilisés. Il y avait souvent des gens avec des équipements qui n'étaient pas de dernier cri. On peut penser que c'était des nouveaux clients.»

La maison du Marcaron, une pâtisserie du Plateau Mont-Royal à Montréal, a aussi apprécié son expérience sur le site LesPac.com. «Le but, ce n'était pas de faire des profits mais d'aller chercher des nouveaux clients, dit le gérant Laurent Bigot. Pour ne pas être submergés, nous avons plafonné notre nombre de coupons à 750 par offre.»