Très populaire aux États-Unis, le phénomène des coupons-rabais sur l'internet prend du galon au Québec. Disponible à Montréal depuis décembre, le géant américain Groupon accorde déjà 160 000$ par mois dans la métropole et s'installera sous peu à Québec. Si les consommateurs profitent de rabais alléchants, certains d'entre eux ont eu des mauvaises surprises. Et les experts ne sont pas tous convaincus des vertus de cette nouvelle mode sur le web.

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Depuis son arrivée à Montréal en décembre, le géant américain des coupons-rabais sur le web Groupon a accordé des rabais d'environ 480 000$ pour des spas, des soins de beauté, des sorties au resto et d'autres gâteries.

Environ 10 000 coupons-rabais ont été vendus parmi les 160 000 abonnés montréalais de Groupon. Au bas mot, Groupon a encaissé des revenus de 240 000$ en trois mois à Montréal selon nos estimations. Groupon, une entreprise privée, ne dévoile pas ses revenus. «Nous avons permis aux consommateurs de Montréal de réaliser des économies d'environ 480 000$», dit Julie Mossler, porte-parole de Groupon, en entrevue à La Presse Affaires.

Le concept de Groupon et des autres sites web de coupons? Offrir des rabais alléchants à un nombre critique de clients. Chez Groupon, le rabais varie entre 50% et 90%. L'entreprise de Chicago garde la moitié des revenus, le commerçant prend l'autre moitié. «Notre concept est basé sur un nombre minimal de clients, dit Julie Mossler. Si on n'atteint pas ce nombre, les transactions sont annulées.»

«Pour un commerçant, Groupon est un budget de marketing, dit Julie Mossler. Nous ne disons jamais aux commerçants qu'ils vont faire un tas d'argent avec nous au début. Ils vont faire leurs frais, peut-être même vendre leurs rabais avec une petite perte. L'avantage de Groupon, c'est d'avoir accès à des dizaines de milliers de consommateurs.»

Même s'ils perdent un peu d'argent avec leurs rabais internet, les commerçants sont tout de même gagnants, estime Groupon. «Nous structurons nos rabais de façon à ce que la personne amène plusieurs amis avec lui», dit Julie Mossler.

Le professeur de marketing Jean-François Ouellet n'est pas d'accord. Il doute de l'efficacité des coupons-rabais, sur papier comme sur internet. «Ils étaient très populaires dans les années 70, mais les commerçants se sont rendus compte qu'ils perdaient de l'argent avec les coupons, dit le professeur à HEC Montréal. Ils n'amenaient pas de nouveaux clients et on octroyait des rabais à des clients qui auraient acheté de toute façon. Au contraire d'Amazon, les sites internet comme Groupon ne permettent pas de cibler les clients assez efficacement. Sauf pour faire connaître un nouveau produit, je suis sceptique sur ce genre de stratégie...»

Le petit resto du coin voulant devenir à la mode. Le spa désireux de se faire connaître. Le salon de yoga cherchant à remplir ses cours. Les clients de Groupon sont pour la plupart des entreprises locales à la recherche de reconnaissance. «Nous avons rempli le vide marketing qui existait pour les entreprises locales, dit Julie Mossler. Avant, ces entreprises publiaient une annonce en espérant avoir des clients, mais il n'y avait aucune garantie. Maintenant, les gens achètent vos coupons, ils viendront chez vous et ils créeront de l'achalandage. Grâce à nous, vous pouvez avoir autant de publicité que Gap que ça ne vous coûtera pas plus cher.»

S'il dépend davantage des entreprises locales, Groupon courtise aussi les grandes marques des multinationales. «Nous avons aussi des clients comme Body Shop et American Apparel, dit Julie Mossler. Ces marques savent que Groupon, c'est cool, c'est nouveau et ça fonctionne. Ils ont accès à des consommateurs qui ont demandé de recevoir de la publicité chaque jour. Et si ces marques n'ont pas déjà une présence marquée sur les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, elles peuvent emprunter le nôtre.»

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Groupon à Québec dans quelques mois

Après Montréal, Groupon fera bientôt son entrée à Québec. «Au cours des prochains mois, dit Julie Mossler, porte-parole de Groupon. Nous ne promettons jamais de date exacte.» La Vieille Capitale serait la 22e ville canadienne du réseau de Groupon. «L'économie y est robuste, il y a beaucoup de commerces locaux stables, dit Julie Mossler. Nous voulons être sûrs de bien maîtriser la langue française et d'avoir suffisamment de contacts avec les commerces locaux avant de nous y installer.»

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Davantage de sites de coupons-rabais

Il n'y a pas que sur Groupon ou Tuango où les consommateurs montréalais qui veulent faire des économies sur le web. Plusieurs entreprises ont lancé récemment un service de coupons-rabais sur le web. En février, Transcontinental a lancé le site lamegaprise.com. Pour l'instant, les coupons-rabais sont disponibles seulement pour la région de Québec et de St-John's à Terre-Neuve. Le site compte offrir des coupons rabais à Montréal au cours des prochains mois. Son rival Groupe Pages Jaunes a lancé en septembre dernier le site promodujour.ca, qui a permis de réaliser des économies de 1,5 million à ses abonnés dans les principales villes du pays. Groupe Pages Jaunes offre aussi des coupons-rabais sur son site LesPAC.com. La semaine dernière, Kijiji a annoncé son intention d'offrir sous peu des coupons-rabais à Montréal.

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GROUPON EN CHIFFRES

1,8 milliard US

Économies effectuées grâce à Groupon depuis son ouverture en novembre 2008

480 000$

Économies effectuées grâce à Groupon à Montréal depuis l'ouverture en décembre 2010

0,03%

Pourcentage des économies mondiales de Groupon effectuées à Montréal

42 millions

Abonnés de Groupon dans le monde 160000 Abonnés de Groupon à Montréal

0,4%

Pourcentage des abonnés mondiaux deGroupon dans la région de Montréal

10 000

Coupons-rabais vendus à Montréal depuis trois mois

6 milliards US

Offre d'achat refusée de Google en décembre dernier

15 milliards US

Valeur de Groupon, selon des discussions entre l'entreprise et des banques en janvier dernier

43 pays

Nombre de pays où Groupon est présent