L'impact des nouvelles technologies sur l'univers médiatique est généralement perçu comme menaçant: érosion de l'auditoire, chute des revenus publicitaires, etc. Or, un lien étrange qui semble se tisser entre la télévision traditionnelle et les médias sociaux fait croire à un entrepreneur montréalais qu'il est possible de renverser cette tendance.

Depuis plus d'un an, les habitudes des téléspectateurs québécois ont changé. Au lieu de regarder leur émission préférée et d'en discuter, le lendemain matin autour de la fameuse machine à café, ils sortent la tablette numérique ou l'ordinateur personnel et passent leurs commentaires en direct, au moyen des réseaux sociaux. Sur Twitter, il n'est pas rare de voir des billets contenant un mot-clic référant au titre d'une émission populaire, de C'est juste de la TV à Un souper presque parfait, en passant par Tout le monde en parle.

Le phénomène a un nom: la télévision sociale. Il a même fait l'objet d'études: la firme Deloitte estime qu'en 2011, un milliard de billets s'écriront en direct sur Facebook et Twitter à propos d'émissions de télé. Dick Costolo, PDG de Twitter, a identifié la télé sociale comme un des facteurs de croissance les plus importants de son service, et ce, depuis la Coupe du monde de soccer, en Afrique du Sud, l'été dernier.

Cette habitude n'a rien de bien nouveau: la télé fait parler depuis toujours. Ce sont les outils de communication qui ont évolué. C'est là où Laurent Maisonnave, entrepreneur montréalais derrière le réseau gratuit de points d'accès Île sans fil, entre autres, voit une occasion d'affaires intéressante. C'est pourquoi il a fondé Seevibes. Son objectif: créer un outil de mesure de la télé sociale.

«Un BBM des réseaux sociaux» indiquant combien de téléspectateurs ont commenté l'émission sur l'internet. «Sur les réseaux sociaux, on peut chiffrer, mesurer et analyser l'engagement des téléspectateurs envers leurs émissions favorites», dit-il.

Pour les télédiffuseurs, c'est un atout de taille contre la concurrence émergente du web: difficile de commenter en direct une émission qu'on regarde quand on veut. En donnant rendez-vous à heure fixe à des dizaines de milliers de consommateurs, le diffuseur concentre en un seul lieu un nombre important de paires d'yeux, ce qui ne sera pas sans plaire aux annonceurs...

Agencer pub télé et médias sociaux

Ailleurs dans le monde, les effets des médias sociaux sur l'écoute télévisuelle se font déjà sentir. Le plus récent Super Bowl a obtenu des cotes d'écoute records. La diffusion des prix Grammy aussi. Les experts attribuent une partie de ces succès à la conversation qui se crée sur les médias sociaux en parallèle à ces «événements télévisuels», comme les appelle le PDG de Twitter.

Ce qui reste à faire, c'est aux télédiffuseurs et aux annonceurs d'en tirer profit, estime Laurent Maisonnave. «En ayant sous la main des statistiques sur l'aspect social de leurs émissions, les diffuseurs peuvent revaloriser la publicité qui y est insérée. Ça accroît le prix auquel ils vendent leurs espaces publicitaires.»

Au cours des derniers temps, la plupart des diffuseurs québécois ont embauché des gestionnaires de communauté, ayant pour tâche de mousser le contenu qu'ils diffusent en ligne. Ils pourraient aller plus loin: «Pourquoi ne pas offrir aux annonceurs une présence à la fois à la télé et sur les réseaux sociaux?» se demande le fondateur de Seevibes.

D'ici à l'été, M. Maisonnave compte poser la question directement aux diffuseurs québécois et canadiens. Si l'expérience est concluante, son intention est de percer les marchés américain et européen le plus rapidement possible. «Personne ne s'est encore intéressé au lien entre la télé et les médias sociaux, mais le potentiel est grand.» Ambitieux, aussi: aider la télé traditionnelle à mater la menace internet.

-----------------

L'application de la semaine

FaceTime pour Mac: Skype a de la concurrence!

Dans la foulée du lancement de son nouveau MacBook Pro, la société Apple a mis en vente l'application FaceTime sur son Mac App Store, boutique virtuelle des ordinateurs personnels Mac OS. Pour 0,99$, elle reliera un Mac aux autres Mac dotés de la même application, ainsi qu'aux iPhone 4 et iPod touch de plus récente facture. FaceTime fonctionne en HD 720p lorsque c'est possible, et quand un appel entre, ça sonne partout, même si l'application est fermée. Plus simple que Skype, mais un dollar plus cher!