Il y a les vêtements aux couleurs éclatantes sur des cintres en carton recyclé provenant de Paris. Mais ce sont surtout les deux iPad accrochés à l'entrée qui attirent l'attention. À la boutique Trendi, les clientes ne passent pas à la caisse, mais à la tablette numérique! «Tout est fait de manière électronique ici, explique la propriétaire et designer de Trendi, Liliane Anctil. On n'accepte pas l'argent.»

Tout sur l'iPad

Sur les iPad, la cliente est invitée à entrer son nom et ses coordonnées. Si elle achète des vêtements, elle les paye par carte de crédit ou par Interac. Et la facture lui est ensuite envoyée par courriel. «Je me suis déjà fait holduper dans un premier magasin que j'exploitais rue Saint-Denis, angle Sherbrooke (514 Connexion), raconte Liliane Anctil. Et puis, les vendeuses angoissent parfois à l'idée d'effectuer des dépôts de milliers de dollars. Un tel système transactionnel - qui a nécessité un investissement de plusieurs milliers de dollars - me permet aussi d'avoir de l'information sur les clientes. De savoir qui achète quoi et quand. Je m'assure donc d'avoir le bon inventaire en boutique.»

Trois mois après l'ouverture de la boutique, Trendi compte 213 membres... et son site internet (www.trendistore.com), une centaine de Trendi Girls, soit des filles qui se définissent selon cinq types établis par Liliane Anctil. «Il y a les Loveli, Edgi, Sexi, Ladi et Sporti, énumère la designer. Là encore, ces définitions me donnent des indicateurs pour concevoir ma publicité et pour savoir comment les approcher.»

Au-delà de l'expérience de magasinage, qui rappelle celle de Lolë, il y a la collection que Liliane Anctil voulait accessible à la clientèle. «Les vêtements n'ont pas de finitions pour réduire la quantité d'électricité utilisée par la machinerie, explique Liliane Anctil, qui a lancé Trendi alors qu'elle étudiait à HEC Montréal. La finition représente 80% du coût du vêtement.»

Peu chère

Les pièces, vendues dans une boutique de la rue Saint-Denis, à Montréal, mais aussi dans plusieurs magasins au Québec, se détaillent de 8$ à 45$. «L'industrie du vêtement ne va pas très bien, estime Liliane Anctil. Les H&M et Forever21 ont changé la perception des gens face aux prix des vêtements. Dans le commerce de détail, les prix augmentent partout, sauf dans les vêtements.C'est alarmant, car je constate que plusieurs boutiques veulent fermer leur département de mode féminine. Les majors mangent les petits. La seule façon pour moi de prendre une mince part de marché est de promouvoir une ligne faite localement, peu chère dans un concept environnemental. Éventuellement, je risque de baisser encore mes prix.»

La designer de 29 ans conçoit et fabrique ses collections à Montréal. «Il y a énormément d'avantages à produire localement si tu as le bon sous-traitant, estime-t-elle. Ne serait-ce que parce qu'en sous-traitant à l'extérieur, la qualité n'est pas toujours au rendez-vous, les commandes arrivent en retard et les coûts augmentent à cause de la hausse du prix du pétrole. Cela dit, pour offrir un produit abordable et fait au Québec, je devais arriver avec une nouvelle façon de travailler.»

S'il est important pour Liliane Anctil d'avoir pignon sur rue à Montréal, à moyen terme, le chiffre d'affaires de la boutique ne devrait représenter que 15%. «J'utilise beaucoup la boutique comme salle de montre, dit-elle. Quatre-vingts pour cent de mon marché est à l'extérieur. En ce moment, je pars sur la route les jeudis et vendredis pour conclure des ententes. La réponse est si positive que je considère partir une troisième journée. Certains propriétaires de magasins placent des commandes de 6000$.»