Payer des biens en brandissant simplement son téléphone intelligent une fois à la caisse sera chose possible dès ce printemps au Canada. En fait, les téléphones de prochaine génération font déjà de l'achat et du paiement mobile, portion importante de ce que les experts appellent le «m-commerce», les technologies de l'heure dans le commerce de détail mondial.

Les statistiques à ce sujet donnent des airs d'euphémisme à cette introduction. La révolution de l'achat mobile est déjà entamée et est beaucoup plus importante qu'annoncée: il y a cinq ans, Juniper Research prévoyait que les transactions faites à partir d'un appareil mobile auraient une valeur mondiale de 10 milliards de dollars en 2010. Des acteurs importants du paiement sur l'internet comme PayPal, filiale d'eBay, misaient gros sur la croissance de ce marché.

L'étude a eu raison, quoique bien modestement: les achats mobiles ont explosé en cinq ans, mais ils ont plutôt atteint 100 milliards de dollars en 2010, toujours selon Juniper Research. L'agence prédit même que cette somme doublera dès cette année, pour atteindre 200 milliards de dollars.

PayPal estime pour sa part que ses propres revenus dans ce créneau tripleront, à presque 2 milliards de dollars, en 2011. La cause: les téléphones intelligents et les tablettes numériques de prochaine génération hériteront d'une nouvelle technologie favorisant le paiement mobile. Il suffira d'installer sur ces appareils une application utilisant la communication en champ proche, ou NFC (pour near field communication), afin de réaliser des transactions directement à partir de son sans-fil.

«Les achats ou le paiement à partir de son téléphone intelligent sont les tendances dont tout le monde parle dans le commerce de détail, note Alain Michaud, associé de PricewaterhouseCoopers, spécialiste du commerce de détail et des biens de consommation. Ce n'est pas pour rien si de grandes sociétés comme Apple ou Google s'y intéressent de près.»

Il n'y a pas que les deux géants de la Silicon Valley qui ont un oeil sur ce marché. PayPal, Visa et d'autres sociétés du secteur de la finance se préparent aussi à l'émergence du paiement mobile.

Loyauté et profitabilité accrues

Pour les détaillants, c'est une occasion à saisir pour s'assurer la loyauté de leur clientèle. Le mois dernier, la chaîne de cafés Starbucks a lancé une application pour téléphones mobiles faisant office de carte de crédit, valide dans toutes ses succursales aux États-Unis. L'application affiche sur l'écran de l'appareil un code-barre qu'il suffit de passer devant un lecteur optique, une fois à la caisse, pour conclure la transaction.

Starbucks prévoit déjà générer des revenus de près de 2 milliards de dollars, en 2011, grâce à cette application. Par la même occasion, la chaîne américaine réduit le temps passé à traiter les commandes, accroissant ainsi la productivité de ses employés.

L'accélération du processus de paiement est un autre bénéfice non négligeable de cette technologie, estime Allen Wright, vice-président aux produits de la société Interac. Avec la réduction des coûts liés aux transactions en espèce, les détaillants ont deux bonnes raisons d'adopter rapidement cette nouvelle technologie, dit-il.

«Il y a un très grand potentiel dans le paiement mobile en ce moment, et nous faisons de grands efforts pour investir ce marché rapidement. Tout le monde y trouve son compte: le client passera moins de temps à attendre et le commerçant, lui, fera plus d'argent.»

En décembre, Interac a dévoilé une application mobile permettant d'échanger de l'argent entre deux téléphones. Les nouveaux sans-fils attendus au printemps permettront d'appliquer cette technologie aux achats courants.

Allen Wright a hâte. «Je ne peux pas vous dévoiler les statistiques que nous avons à ce sujet, mais je peux vous dire que vu la demande, c'est un bon moment pour se lancer dans le paiement mobile», conclut-il.

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L'application de la semaine

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