Il faudra que la reprise accélère son rythme et le maintienne pour que le secteur manufacturier canadien puisse retrouver sa taille et sa rentabilité d'avant-récession.

C'est en tout cas le constat fait par la Banque de développement du Canada et par le Conference Board dans la dernière mouture du Profil de l'industrie canadienne (PIC).

L'édition d'hiver se penche sur cinq segments du secteur manufacturier: les produits chimiques, informatiques et électroniques, minéraux non métalliques, pharmaceutiques et en caoutchouc et plastique. Les 18 autres segments seront examinés en cours d'année.

Les produits chimiques retrouveront leur taille de 2008 (39 milliards de dollars) en 2015, mais le segment n'aura alors pas encore récupéré le niveau de rentabilité de 2008. Mis à part les produits agricoles et les produits de base, l'industrie souffre de la force du huard, de la poussée des prix de l'énergie dont elle a grand besoin et de la crise de l'imprimé qui réduit la demande d'encres et de solvants. Les entreprises qui créeront des niches dans les produits compostables et recyclables auront plus de chance.

Le segment informatique et électronique a de meilleures perspectives, bien qu'à moyen terme. Les quelque 18 000 emplois perdus seront récupérés en cours d'année, mais il faudra attendre 2014 pour atteindre de nouveau un chiffre d'affaires de plus de 19 milliards. L'industrie est peu concentrée avec plus de 1800 manufacturiers, mais seulement une poignée de gros acteurs comme Research in Motion ou Celestica, auxquels il faut ajouter des filiales de géants américains tels Apple, IBM, Hewlett-Packard et Cisco.

Le Conference Board constate que la part du marché américain occupée par l'industrie diminue depuis les années 90, en dépit de la demande soutenue. La concurrence des pays émergents l'oblige en outre à se concentrer dans le haut de gamme ou les produits dématérialisés.

Les produits minéraux non métalliques, le ciment et le vert en particulier, profitent beaucoup du volet infrastructures des plans de relance des gouvernements. Les deux prochaines années seront plus difficiles avec le retour de politiques d'austérité et la stabilisation du bâtiment résidentiel. L'attrait du vert favorise le verre plus que le béton comme matériau.

Les produits en caoutchouc ou plastique sont en déclin depuis 2005, en parallèle avec la crise du secteur automobile américain. Sa renaissance récente est porteuse d'espoir, mais les quelque 50 000 emplois perdus ne seront pas tous recréés de sitôt.

Les produits pharmaceutiques souffrent de la diminution des crédits à la recherche, alimentés en grande partie par les organismes caritatifs qui ont reçu moins de dons. Pourtant, la consommation de médicaments augmente, l'âge moyen de la population aussi. Voilà pourquoi l'industrie a déjà dépassé les niveaux de revenus et de produits d'avant récession alors qu'il lui reste des emplois à récupérer.

Cette tendance va durer tant que n'expireront pas les principaux brevets. En revanche, le développement de brevets va souffrir de l'insuffisance de crédits à la recherche, laissée à de petits laboratoires d'une dizaine d'employés ou moins où sont concentrées 47% des entreprises. Les grands employeurs sont avant tout les filiales de grandes multinationales, comme Merk Frosst, AstraZeneca, Bayer ou Sanofi-Aventis.