Il n'y a pas que Rupert Murdoch et les créateurs de sa nouvelle application The Daily, sur tablette iPad, qui espèrent voir l'édition numérique continuer sur sa lancée en 2011. Les éditeurs québécois pourraient en profiter eux aussi, après une période des Fêtes où les liseuses et autres tablettes électroniques se sont avérées être un cadeau fort populaire.

En fait, les éditeurs québécois ont constaté les effets de cette tendance forte de la fin 2010 dès les premières semaines de janvier, alors que le volume de ventes de livres numériques a fait un bond prononcé. Selon l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), les ventes de livres numériques en décembre et en janvier ont été trois fois plus importantes que les ventes mensuelles moyennes jusque-là.

L'entrepôt numérique de l'ANEL, qui n'était l'affaire que d'une poignée de ventes à ses débuts à la fin 2009, fait actuellement de 2000 à 3000 transactions chaque mois. Une dizaine des 72 éditeurs présents sur l'entrepôt en tirent déjà des revenus mensuels se chiffrant dans les milliers de dollars.

Sur les 810 millions de dollars que génère cette industrie annuellement, c'est bien peu, mais ce n'est que le début, assure Clément Laberge, vice-président de la société De Marque, à Québec. Partenaire de l'ANEL, M. Laberge a supervisé la création de cet entrepôt numérique, technologie que De Marque a également déployée en France et en Italie depuis.

« Au Québec, c'est une tendance durable : le volume de ventes numériques double en moyenne tous les trois mois depuis plus d'un an. Si on se fie à ce qui se passe aux États-Unis, ça pourrait durer encore longtemps comme ça. «

Comme aux États-Unis

Aussi modestes soient-ils, ces chiffres indiquent que la tendance au Québec est effectivement similaire à celle observée aux États-Unis depuis quelques années. Il faut dire que les premières liseuses de livrels sont apparues chez nos voisins du Sud deux ans plus tôt, Amazon n'ayant mis son Kindle en vente au Canada qu'à la fin de l'année 2009.

L'an dernier, les consommateurs américains ont acheté quelque 90 millions de livrels, pour une valeur totale de près de 1 milliard de dollars, selon la firme d'analyse Futuresource. C'est le double des ventes de 2009. Cela représente 5,5 % du marché du livre américain, évalué à 18 milliards de dollars en 2010. Le Kindle est la source de plus de 60 % des ventes de livrels. Son rôle dans ce marché naissant est comparable à celui des produits Apple du côté de la musique.

D'ailleurs, si on compare les deux industries au même âge, les statistiques présentent des similitudes étonnantes. En Amérique, en tout cas : la musique numérique a atteint 5 % de son propre marché dès 2005 à sa deuxième année de comptabilisation, pour une valeur légèrement supérieure à 1 milliard de dollars US, le double de l'année précédente.

Aujourd'hui, la musique numérique représente 30 % du marché, à 4,6 milliards de dollars. Les États-Unis sont les plus grands consommateurs de ce format musical mais, depuis 2006, la popularité de cette technologie croît chaque année à un rythme plus élevé au Canada que chez l'Oncle Sam, selon la firme Nielsen.

Peut-on prévoir la même chose pour le livre numérique? « Absolument. En fait, ça pourrait aller encore plus vite pour le livre numérique, les consommateurs étant maintenant plus à l'aise avec les nouvelles technologies qu'ils l'étaient à l'époque «, dit M. Laberge, qui s'attend à ce que le livrel représente lui aussi, d'ici cinq ans, de 20 à 30 % de l'ensemble du marché du livre.

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L'application de la semaine

Bump: cogner deux iPhone pour échanger de l'info

Échanger de l'information d'un iPhone à un autre n'est pas sorcier, mais aucune application n'arrive à la cheville de Bump en matière d'originalité: il suffit de taper deux appareils ensemble, à la manière d'un toast virtuel à la santé de Steve Jobs, afin de transférer instantanément ses coordonnées, des photos ou de la musique d'un iPhone à l'autre. Mise à jour il y a 10 jours, Bump permet désormais d'échanger aussi des applications.