Deux indicateurs publiés mardi aux États-Unis ont témoigné du caractère inégal de la reprise économique américaine en confirmant la vigueur de l'industrie manufacturière et la morosité du secteur de la construction et des travaux publics.

Selon l'indice des directeurs d'achats de l'association professionnelle ISM, l'activité des industries manufacturières a commencé l'année en trombe.

L'ISM manufacturier a gagné en effet 2,3 points en janvier par rapport à décembre, pour s'établir à son plus haut niveau depuis le mois de mai 2004, à 60,8%.

Ce chiffre montre que l'activité des entreprises manufacturières du pays a progressé pour le dix-huitième mois d'affilée, et que sa hausse s'est faite à un rythme plus rapide qu'en décembre.

Portée par la demande asiatique, notamment, l'industrie manufacturière est l'un des principaux moteurs de la reprise économique en cours aux états-Unis.

La progression de l'ISM en janvier a déjoué le pronostic médian des analystes, qui donnait un léger recul de l'indice, à 58,4%.

Elle a été tirée par un bond des composantes de l'indice mesurant les commandes nouvelles et les exportations.

Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE, a qualifié les chiffres de l'ISM de «très, très solides» et pense que la hausse des commandes entraînera une nouvelle accélération de l'activité en février.

L'ISM estime que son indice manufacturier traduit une progression de l'activité économique d'ensemble aux États-Unis dès lors qu'il est supérieur à 42,5%, et qu'à son niveau de janvier, il «correspond à une croissance du PIB réel de 6,4% en rythme annuel».

Selon les chiffres publiés vendredi par le département du Commerce, la croissance économique des États-Unis s'est renforcée au quatrième trimestre, où elle a atteint 3,2% en rythme annuel, permettant au PIB américain de progresser de 2,8% sur l'ensemble de l'année 2010.

«Le secteur manufacturier est en train de croître solidement, et cela implique que l'économie est peut-être en train de passer à la vitesse supérieure», estime Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors.

L'indicateur des dépenses de constructions publié par le Département du Commerce rappelle néanmoins que l'horizon n'est pas dégagé de toute menace.

Ces dépenses ont en effet reculé en 2010 pour la quatrième année de suite et sont tombées à leur plus bas niveau depuis 2000.

Elles ont chuté de 10,3% sur l'ensemble de l'année. C'est moins qu'en 2009, où elles s'étaient effondrées de 15,0%, mais leur tendance à la baisse se poursuit puisqu'elles ont reculé de 2,5% sur un mois en décembre.

Perçant leur plancher du mois d'août pour tomber à leur plus bas niveau en plus de dix ans, elles ont reculé en décembre bien plus que ne le pensaient les analystes, qui tablaient sur une baisse de 0,4%, selon leur prévision médiane.

Le secteur du bâtiment paie encore les excès de construction des années d'avant la crise et tarde à se remettre de la récession.

Pour Julien Thomas, économiste de la banque française Natixis, on ne peut guère espérer mieux qu'une «reprise léthargique» de la construction cette année.