Affluence record et ambiance électrique, lancement d'un programme de soutien aux entrepreneurs, annonces d'investissements dans des entreprises en démarrage : la septième présentation du Startup Camp aura fait mentir ceux qui doutent encore qu'un nouveau dynamisme souffle sur l'innovation technologique montréalaise.

«Jamais on n'a vu une telle effervescence à Montréal», dit Philippe Telio, organisateur de cette messe bisannuelle de l'entrepreneuriat technologique qui a battu son plein jeudi soir à Montréal.

Les organisateurs ont été littéralement pris de court par le record de 761 participants inscrits, au point où ils ont dû louer de nouveaux locaux à la dernière minute et commander de la nourriture de plus.

La grande majorité de ceux qui ont convergé vers le théâtre Telus jeudi sont de jeunes bidouilleurs web qui espèrent devenir le prochain Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook nommé personnalité de l'année 2010 par le magazine Time.

Cinq d'entre eux ont eu la chance - ou la malchance ? - de présenter leur plan d'affaires à une foule aussi captivée qu'indisciplinée, qui a suivi leurs propos bière à la main en applaudissant chaudement leur courage.

Parce qu'il fallait du courage pour monter sur scène jeudi. Dans un concept qui rappelle celui de l'émission télévisée Dragons's Den, les entrepreneurs en devenir avaient cinq minutes pour présenter le concept avec lequel ils espèrent faire fortune.

Un groupe de trois «dragons», des investisseurs aguerris, ont commenté sans détour leurs idées et leur performance.

«Ici, il n'y a pas de complaisance, et c'est ce qui fait l'intérêt de Startup Camp», a lancé Philippe Gauvin, cofondateur de MatchFWD, une application internet qui offre de recommander des amis à des offres d'emploi.

«Mon pouls était tellement rapide que l'animateur ne voulait pas que je monte sur scène !» a confié Kavita Ajwani, une femme de 25 ans qui en a fait sourire plus d'un avec son site internet. Vous n'avez pas le goût de monter votre meuble IKEA, pelleter votre entrée ou récupérer un colis ? TaskHire vous met en contact avec des gens prêts à effectuer ces besognes contre un peu d'argent.

Wajam, TrainingMobs et Geotoko sont les autres entreprises qui ont accepté de passer au grill jeudi soir.

Startup Camp a justement été créé pour former les jeunes entrepreneurs à faire des présentations-éclair de cinq minutes - une habileté incontournable dans le monde des entreprises en démarrage, qui doivent convaincre les investisseurs de miser sur elles pour développer leurs idées avant d'atteindre le seuil de rentabilité.

«Le but de ces jeunes, à cette étape, n'est pas tant de dénicher du financement que d'apprendre comment le faire», explique John Stokes, financier qui travaille pour le fonds de capital-risque québécois Real Ventures et qui a entraîné les jeunes à monter leur présentation.

Les fondateurs de Beyond the Rack, sûrement l'entreprise en démarrage du Montréal techno qui connaît actuellement la croissance la plus foudroyante, ont conclu la soirée par des conseils à ceux qui veulent suivre leurs traces. Présentés comme des rock stars, ils ont été accueillis comme tel.

Real Ventures annonce

des investissements

L'événement a aussi servi de prétexte à quelques annonces officielles.

La première est venue de Real Ventures, qui gère le nouveau fonds d'amorçage en technologies de l'information financé par le gouvernement du Québec, le fonds de solidarité FTQ et FIER Partenaires.

Lancé en mars dernier, le fonds a annoncé ses premiers investissements. Ceux-ci iront à Fabric Technologies, boîte fondée par trois anciens de Softimage qui promet d'améliorer la vitesse des fureteurs web, et à DokDok, qui a pondu une application capable d'extraire des données des boîtes courriel.

Le Canadian Innovation Exchange, en partenariat avec le ministère Affaires étrangères du Canada et le consulat général de San Francisco, a aussi lancé un concours qui permettra d'envoyer des entrepreneurs canadiens dans la Silicon Valley, en Californie, pour des stages de trois mois. «Il y a des choses pas mal intéressantes qui sont en train de se passer», dit Chris Arsenault, du fonds iNovia, qui mise ses billes sur les entreprises en démarrage les plus prometteuses.

Sylvain Carle, un des organisateurs de Startup Camp et cofondateurs de l'entreprise Praized Media, a bien tenté d'amener un peu de français dans l'événement de jeudi soir, mais celui-ci s'est déroulé presqu'entièrement en anglais.

À ne pas manquer lundi prochain : notre portrait de l'entreprise Beyond the Rack. Une nouvelle couverture du monde québécois de l'innovation sera aussi présentée tous les lundis.